Mais pourquoi certains applaudissent-ils à l’atterrissage d’un avion ?

Publié le 14 octobre 2022 à 15h48

Source : JT 20h WE

Il arrive d’entendre au moment de l’atterrissage d'un avion une salve d’applaudissements et... de rester perplexe face à une telle liesse.
D’où cette question obsédante : pourquoi ?
Une psy nous éclaire.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains cèdent au réflexe pavlovien d'applaudir le pilote d'avion qui vient d'atterrir ? Sur un forum consacré au voyage, un internaute avoue faire partie de ces acclamateurs enjoués : "Il m'est arrivé de démarrer un applaudissement (que pas mal de passagers ont suivi) après l'atterrissage d'un vol où il y avait un problème technique sur le moteur d'un avion. Le commandant de bord nous avait bien tenu informés de la situation et de son évolution. C'était très pro." Toujours sur le même forum, une autre internaute partage sa circonspection pleine de pragmatisme : "Le boulot du pilote, c'est de faire décoller, voler et atterrir un avion. C'est la base, c'est le minimum ! Alors non, moi, je refuse d'applaudir quelqu'un qui a juste fait son boulot !" Problème technique ou pas.

Mais pourquoi, même lorsque le vol n'a connu aucune perturbation, certains saluent-ils tels des ravis de la crèche un acte aussi banal ? "Il s’agit surtout d’une réaction de soulagement, de gratitude d’être arrivé vivant", nous répond la psychologue Laurie Hawkes (qui prend souvent l'avion). "Ces applaudissements sont vitaux, ils servent de défouloir. Ils sont mus par la peur de mourir en avion, qui existe un tant soit peu chez tout le monde : même les non-phobiques, à un moment du vol, réalisent qu’ils sont dans les airs, très loin du sol, et trouvent cette perspective vertigineuse. D’autres, enfin, applaudissent parce qu'ils appartiennent à un même groupe, ravi d'être arrivé à bonne destination. C'est très fréquent chez ceux qui voyagent peu, voire pas du tout."

Dans son cockpit, le pilote n'entend rien...

La ferveur des uns suscite l'agacement des autres, ceux qui ne sont pas particulièrement phobiques de l’avion ni même fans de pareilles démonstrations. Selon notre psychologue, "ceux qui sont agacés peuvent être soit d’autres inquiets qui ne veulent pas penser à leur inquiétude, et détestent qu’on mette le projecteur sur ce soulagement, sur cette peur secrète. Soit des gens qui trouvent toute manifestation émotionnelle un peu 'inférieure'. C'est exactement comme ceux qui sont agacés par les applaudissements en fin d’un cours de sport."

Laurie Hawkes constate toutefois que ce phénomène rappelant des otaries sous ecsta tend à se raréfier : "Si je me réfère à mes expériences, les dernières fois où j’ai vu et entendu applaudir des passagers dans l'avion, c’était soit parce qu’il y avait eu des secousses intenses et qu’ils étaient particulièrement contents d’arriver indemne ; soit parce que les passagers étaient émus pour une raison ou une autre, par exemple lorsque tous les passagers savaient, via les stewards et hôtesses de l'air, qu'il s'agissait du dernier vol du commandant, qu'il allait prendre sa retraite. Alors les gens ont applaudi à l’arrivée, longuement." Une standing-ovation qui ne sert en réalité à rien : de son cockpit, le pilote n'entend jamais les applaudissements qui lui sont adressés...


Romain LE VERN

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