Pénuries en pharmacie : mais où en est la liste des médicaments "critiques" promise par le gouvernement ?

Depuis de nombreux mois, les pharmaciens et les patients font face à une pénurie généralisée de médicaments. "On refuse dix personnes par matinée", déplore Sophie Brunet, pharmacienne. "Quand on reçoit nos commandes, on a des pages et des pages de produits en rupture de stock qu'on ne reçoit pas", ajoute-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. 

Parmi les médicaments manquants se trouvent des corticoïdes, des antiépileptiques, des crèmes et des antibiotiques courants, comme l'Amoxicilline. "Pour un gamin qui a une otite, c'est pas normal qu'on n'ait pas d'Amoxicilline", regrette encore la pharmacienne. 

Au début du mois de mai, le ministre de la Santé avait pourtant promis une solution. "Comme je m’y suis engagé, je présenterai d’ici la fin du mois une liste de médicaments critiques, pour lesquels nous renforcerons nos efforts pour éviter toute difficulté d’accès pour chacun. Parmi eux : l’amoxicilline, le paracétamol, l’insuline ou la vigabatrine", avait écrit François Braun sur Twitter le 10 mai dernier, appelant le même jour à une coopération européenne sur le sujet. 

Si le ministre a déclaré le 16 mai avoir reçu une "première liste", il avait estimé qu'elle devait "encore être ajustée" car elle comportait 281 médicaments dont des doublons. La fin du mois du mai est arrivée et la liste n'a pourtant pas encore été publiée. "Je ne sais pas quand la liste des 100 médicaments sortira, mais c'est de toute façon un travail continu, en temps réel et dans l'anticipation", assure ce mardi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran quand TF1 lui pose la question après le Conseil des ministres. 

La mesure est donc repoussée au mois de juin. Cette liste est pourtant très attendue, notamment dans les hôpitaux, où depuis des mois, les soignants manquent chaque jour de médicaments et d'anesthésiants pour la réanimation. "On l'attend avec impatience, cette liste devrait permettre d'avoir un niveau de stock obligatoire d'au moins deux mois", rappelle Philippe Meunier, président du syndicat des pharmaciens hospitaliers. 

Mais les matières premières manquent, la demande mondiale augmente et le moindre détail peut perturber l'acheminement des médicaments manquants. "Par exemple, actuellement, nous souffrons de difficultés d'approvisionnement d'aluminium et il est essentiel parce qu'il sert à faire les blister qui protègent le médicament et c'est aussi un élément de la stabilité des produits", note Thomas Borel, directeur scientifique du syndicat pharmaceutique Leem.

Une concertation au niveau européen avec des normes et des commandes en commun, comme voulue par le ministre de la Santé, permettrait aussi de peser sur le marché mondial du médicament.