Une semaine après le début de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, les détritus s'accumulent dans certains arrondissements de Paris.Ces monticules de déchets peuvent représenter des conséquences pour la santé, mais aussi des risques de pollution.De précédents mouvements d'éboueurs n'avaient toutefois pas entraîné de catastrophe sanitaire.
Dans certains arrondissements parisiens, les sacs-poubelles et cartons forment des monticules spectaculaires, qui s'étirent sur plusieurs mètres. En une semaine, près de 5400 tonnes de déchets jonchent le sol dans les rues de la capitale, suite à la grève des éboueurs contre la réforme des retraites. Ce qui n'est pas sans incidence sur la santé des habitants : le maire du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, a alerté vendredi dans un courrier Anne Hidalgo sur les "risques sanitaires" liés à l'absence de ramassage et de traitements des détritus.
Par le passé, de nombreuses villes ont connu des mouvements de mobilisation des éboueurs, mais cela n'avait pas entraîné de risque sanitaire majeur. Reste que le sujet n'a pas encore été beaucoup documenté : la vigilance est donc de mise pour les riverains, sans basculer toutefois dans la psychose.
Bactéries, zoonoses, pollution...
Au niveau respiratoire tout d'abord, les déchets organiques commencent à se décomposer au bout de plusieurs jours, ce qui peut produire des gaz toxiques : soufre, dioxyde de carbone et plomb, détaille un médecin auprès de LCI, des explications à retrouver dans la vidéo en tête d'article. Par ailleurs, les bactéries peuvent facilement se diffuser dans l'air en cas d'humidité, de fortes chaleurs ou de vents forts, comme ce fut le cas vendredi à Paris, balayée par la tempête Larisa. Les personnes souffrant déjà de maladies respiratoires, comme de l'asthme, sont particulièrement vulnérables face à ce risque.
Ces déchets entreposés dans les rues pendant plusieurs jours peuvent aussi entraîner la propagation de zoonoses, ces maladies transmises de l'animal à l'homme. Ces déchets attirent les rats, dont l'urine est par exemple porteuse de la leptospirose, une pathologie souvent bénigne chez l'homme mais qui peut tout de même provoquer notamment des insuffisantes rénales et dont le nombre de cas a été multiplié par deux en France depuis 2014.
L'Académie de médecine elle-même avait mis en garde l'été passé contre le danger que représentent ces rongeurs pour la santé, en particulier à cause de cette maladie, en appelant à observer une propreté très rigoureuse dans les villes. Il est toutefois peu probable que les passants entrent en contact direct avec ces rats : "Les gens ne vont pas être agressés par les rats, parce qu'ils auront largement de quoi se sustenter et ils ne viendront pas agresser les passants, (...) le risque est plus que minime", a tenu à rassurer sur BFMTV le médecin généraliste Jean-Paul Hamon.
Enfin, les eaux de pluie qui ruissellent sur les détritus peuvent être contaminées, ce qui donnent lieu à de la pollution. Mais ces risques peuvent être limités par un système de traitement des eaux irréprochable. De manière générale, les municipalités sont vigilantes face à la pollution des eaux pluviales : c'est "un concept qui a maintenant été bien intégré par les acteurs de la ville", note la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports (DRIEAT) d'Île-de-France sur son site.
Dimanche, la collecte des déchets restait "très perturbée dans tous les arrondissements" de Paris, a indiqué sur Twitter l'adjointe à la maire chargée de la propreté, Colombe Brossel. "Nous priorisons les interventions sur la salubrité (déblaiement des marchés alimentaires, enlèvement des sacs-poubelles au sol) et la sécurité des cheminements piétons", a-t-elle toutefois assuré. En attendant que les détritus soient retirés, les risques peuvent être limités en veillant à bien emballer ses déchets et les centraliser, pour ne pas les entreposer n'importe où.
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