Le 13H

VIDÉO - Pas un seul dermato dans toute la Creuse : les départements voisins débordés

par L.T. | Reportage TF1 : Carlo Parédès, Thomas Gathy, Emmanuel Sarre
Publié le 3 juillet 2023 à 16h56, mis à jour le 3 juillet 2023 à 18h07

Source : JT 13h Semaine

Le Limousin est la région de France avec la plus faible densité de dermatologues pour 100.000 habitants.
On y trouve seulement 34 professionnels en Haute-Vienne et en Corrèze, mais aucun dans la Creuse.
Plusieurs pistes sont explorées pour trouver un remède à cette situation.

Pour cette dermatologue installée en libéral depuis 25 ans à Saint-Junien, en Haute-Vienne, jamais la situation n’a été aussi critique. Avec des effectifs en baisse, les praticiens de la région sont débordés. "Dans nos collègues, on sait qu’il y en a qui ne veulent plus voir des patients qu’ils n’ont jamais suivis. Si vous les prenez trop tard, ce sont des prises en charge plus lourdes, et qui coûtent aussi plus cher à la société", explique le docteur Phuong Mai. 

"Entre 300 et 500 appels par jour"

Sauf en cas d’urgence, les délais pour consulter sont parfois très longs. Cette patiente venue pour sa fille a pris rendez-vous en début d’année. "C’est inquiétant parce que si aujourd’hui, on est à cinq mois, dans quelques années, on sera à combien ?", interroge-t-elle. 

S’armer de patience devient une nécessité pour décrocher un rendez-vous par téléphone face à des secrétaires elles aussi dépassées. Je reçois "entre 300 et 500 appels par jour, donc forcément, moi toute seule, je réponds à entre 150 et 200 appels d'entre eux, c’est énorme déjà. J’essaie d’être aimable, d’être arrangeante et malgré tout, je me fais un petit peu harceler des fois, agresser verbalement", affirme Manuella Haberstroh, assistante médicale du cabinet où officie le docteur Phuong Mai. 

Deux fois moins de dermatos en Limousin qu’ailleurs

Avec 34 professionnels installés en Haute-Vienne et en Corrèze, mais aucun en Creuse, le Limousin est la région de France avec la plus faible densité de dermatologues pour 100.000 habitants :  2,93, contre 5,9 au niveau national. "Je trouve ça dommage qu’il y ait une très grande densité de médecins en tout genre sur des grandes villes, et pas sur des villes moyennes", estime une jeune femme. "En vieillissant, il va y avoir des problèmes de peau. Pour aller voir des spécialistes, c’est assez compliqué, je trouve", poursuit une retraitée. 

Pour remédier à la situation, plusieurs pistes sont explorées, du développement de la télémédecine à la formation plus poussée des généralistes. Quant au nombre d’internes en dermatologie, avec la suppression en 2019 du numerus clausus, il faudra là aussi être patient. "Il faut compter six ans d’études de médecine et quatre ans d’internat, donc il faut compter dix ans. Et donc on va voir arriver des internes significativement plus nombreux", affirme le professeur Pierre-Yves Robert, doyen à la faculté de médecine de Limoges. 

À condition, bien sûr, que les futurs médecins s’installent dans les régions les plus dépourvues. En Limousin, le scénario le plus plausible prévoit une baisse du nombre de dermatologues jusqu’en 2037. 


L.T. | Reportage TF1 : Carlo Parédès, Thomas Gathy, Emmanuel Sarre

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