Les pompiers ont de nouvelles compétences : quels soins peuvent-ils désormais effectuer ?

Frédéric Senneville | Reportage TF1 : Sophie Chevallereau, Vincent Abellaneda, et Benjamin Rey
Publié le 29 avril 2022 à 18h48

Source : JT 20h Semaine

Les pompiers peuvent à présent pratiquer des actes réservés jusqu'ici aux médecins.
Une évolution majeure pour la profession, qui passe d'abord par une formation.

En accompagnant les interventions d'une équipe des Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône), nos reporters ont très vite eu l'occasion de voir ce que leurs nouvelles compétences vont changer pour les pompiers- comme on peut le voir dans le sujet du 20H de TF1 en tête de cet article. Ils se portent au secours d'une jeune fille qui s'est ébouillantée sur une large partie du corps. Par chance pour elle, la brûlure n'est que superficielle. 

Mais en cas de douleur aiguë, ils n'auraient pas pu lui administrer de calmant avant son arrivée à l'hôpital, situé à 30 km de là, cet acte médical étant jusqu'ici réservé aux seuls professionnels de santé. "On fait venir un médecin qui, lui, traitera la douleur", expose le sergent Porquet, "nous, on ne donne pas de médicament". Cette impossibilité est désormais levée, selon les termes d'un nouveau décret.

La profession attendait depuis longtemps

Désormais, les pompiers y seront autorisés après une formation obligatoire et sur ordre d'un médecin à distance. Finis les longs trajets en ambulance sans antidouleur, comme celle que va vivre cette autre fillette après une lourde chute de cheval. Une évolution que les pompiers attendaient depuis longtemps. "Pour les victimes, ce n'est pas tout confort”, lance le capitaine Fontaine, "ne serait-ce que la route à faire, ce sont des minutes assez longues quand on a des douleurs importantes"

De longue date, les pompiers réclamaient une évolution dans ce sens. "Ils sont prêts à se lever la nuit, à passer moins de temps avec leurs familles pour sauver des vies", avait ainsi plaidé le président de leur fédération en 2019, "mais c'est moins motivant si c'est pour faire le taxi pour les urgences à la place des ambulances".

Un temps précieux pour les victimes

Le décret qui vient de paraître au Journal officiel établit de nouvelles compétences pour les pompiers. Ils pratiquaient déjà des actes de diagnostic, pour autant que ceux-ci ne mettent pas la vie du patient en danger, comme la prise de tension ou de température. Les pompiers auront désormais à leur disposition une gamme plus étendue d'actes-diagnostics, allant jusqu'à l'électrocardiogramme. L'objectif recherché est de pouvoir renseigner un médecin à distance, pour éviter une attente préjudiciable à la victime, ainsi que de permettre un meilleur maillage du territoire couvert par l'ensemble des services de secours.

Habilités à administrer des médicaments

Les compétences des pompiers sont également élargies pour les premiers soins à prodiguer sur place, second volet du nouveau décret, en leur permettant de réaliser des actes médicaux qui leur étaient interdits jusqu'ici. Ils seront notamment fondés à administrer les médicaments appropriés dans le cas d'une crise d'asthme aigüe ou d'hypoglycémie, de douleurs aigües, ou d'une overdose de produits opiacés. C'est un médecin régulateur, ou un médecin présent, qui donnera le feu vert à la réalisation des actes par les pompiers. Il leur faudra cependant en passer par une formation spécifique pour être autorisés à prodiguer ces actes de soins d'urgence.

Devant notre équipe, un sapeur-pompier-infirmier, déjà habilité aux soins d'urgence, forme ses confrères à intervenir dans le cas d'une crise d'asthme aiguë chez une victime, un acte jusqu'ici réservé aux soignants. "Avant, on pouvait juste l'inciter à prendre sa Ventoline", explique l’adjudant-chef Albecq, "là on va pouvoir agir, l'aider et la soulager". En cas de douleur thoracique, ils pourront également réaliser un électrocardiogramme, qui permettra de transporter la victime dans un hôpital adapté sans attendre l'arrivée d'un médecin. Les pompiers de Paris et de Marseille sont déjà qualifiés. Tous les autres devraient expérimenter leurs nouvelles compétences cet été, une fois formés et dotés du matériel nécessaire.


Frédéric Senneville | Reportage TF1 : Sophie Chevallereau, Vincent Abellaneda, et Benjamin Rey

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