Tabagisme "ultra-passif" : même l'odeur de tabac froid présenterait des risques pour la santé

Publié le 5 mars 2020 à 15h24
JT Perso

Source : Sujet JT LCI

NOCIVITÉ - Alors que les scientifiques mettent en garde depuis des années contre les dangers du tabagisme passif, une nouvelle étude révèle que les composés de la fumée de tabac peuvent aussi s'infiltrer dans des lieux bien ventilés et non-fumeurs, en se déposant sur les vêtements, la peau et les cheveux des individus. Explications...

Elle était déjà désagréable pour l'odorat, voilà que l'odeur de tabac froid, qui annonce en général l'entrée d'un fumeur dans une pièce, pourrait également présenter des risques pour la santé, indique une nouvelle étude américaine publiée mercredi 4 mars dans la revue Science Advances. Les chercheurs de l'Université de Yale ont en effet constaté que les résidus présents dans la fumée de tabac peuvent infiltrer les pièces bien ventilées en se déposant sur les vêtements, la peau et les cheveux des individus puis s'évaporer lentement dans le temps, un processus appelé "dégagement gazeux".

Les scientifiques se demandaient depuis longtemps pourquoi les espaces intérieurs interdits aux fumeurs étaient souvent contaminés par des produits chimiques liés à la cigarette. Une étude avait par exemple révélé que la fumée secondaire persistait dans les maisons vacantes jusqu'à 2 mois après le départ des fumeurs ; mais jusqu'à maintenant, les chercheurs se penchaient plutôt sur les espaces intérieurs où l'on avait récemment fumé. 

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Cette fois, leur travail s'est concentré sur un cinéma à Mayence, en Allemagne, où il est interdit de fumer depuis 15 ans. "Un temps suffisant pour que les contaminants se dissipent", explique Drew Gentner, ingénieur en environnement à l'Université de Yale et auteur principal de l'étude. Pour déterminer la qualité de l'air à l'intérieur, lui et ses collègues ont placé un spectromètre - une machine qui mesure les produits chimiques - dans l'un des conduits d'évacuation d'air, alors que les clients entraient et sortaient et regardaient une variété de films.

Résultat, sur quatre jours, les niveaux de 35 produits chimiques liés au tabac ont augmenté lorsque des spectateurs entraient dans le cinéma. Cela inclut des composés toxiques comme le benzène et le formaldéhyde pouvant provoquer le cancer, rapportent les scientifiques dans Science Advances. Seule explication possible, compte tenu de l'interdiction stricte de fumer dans ce cinéma, c'est que les fumeurs de cigarettes - ou les personnes qui ont été exposées à la fumée - transportent les composés avec eux et les déposent. Ces résidus de fumée, nommés "fumée tertiaire" (thirdhand smoke), peuvent occasionner du "tabagisme ultra-passif" équivalent à une, voire 10 cigarettes, selon les substances.  

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Les effets étaient d'ailleurs particulièrement intenses lors de la projection de films pour adultes, comme "Resident Evil". Selon les auteurs de l'étude, cela pourrait être lié au fait que ces films attirent un public plus âgé, ayant plus de chances d'avoir été exposé à de la fumée de tabac. "Nos travaux établissent qu'il y a un dépôt substantiel de composants de 'fumée tertiaire' par des personnes au sein d'un vrai environnement intérieur non-fumeur", a déclaré Drew Gentner. 

Il a reconnu que déterminer le niveau précis de risques sanitaires pour les individus était au-delà du champ de l'étude actuelle et pouvait dépendre d'une variété de facteurs, notamment la fréquence de l'exposition aux produits chimiques et la proximité des personnes de la source d'émission de ces polluants. 


La rédaction de TF1info

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