Trouver une place en Ehpad relève parfois du parcours du combattant : il faut huit mois en moyenne pour y parvenir dans un établissement public.Certaines familles ont alors recours à des courtiers, comme pour l'immobilier ou les assurances.Un service qui ne leur coûte rien, mais qui a parfois ses travers.
Lorsqu'une personne âgée ne peut plus vivre chez elle, choisir un établissement qui peut l'accueillir est généralement un parcours jalonné d'embûches. Mais saviez-vous qu’il existe des courtiers en Ehpad ? Bernard Lasry, fondateur de "Cap Retraite", représente l’un de ces organismes de placement. Sa mission : aider en urgence Carole à trouver un établissement pour sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Une situation délicate. "L'état de ma maman s'est dégradée donc il a fallu que je trouve un établissement rapidement pour la mettre en sécurité", raconte la jeune femme, les larmes aux yeux, dans l'enquête du 20H de TF1 en tête de cet article.
C’est l’Ehpad qui paie
L'organisme de placement a suggéré plusieurs maisons de retraite. Carole Bernier a choisi d'en visiter une proche de chez elle, à Vaucresson (Hauts-de-Seine). "Il y a 600.000 places en Ehpad en France, donc il y a toujours quelques dizaines de milliers de places. Et notre travail, c'est de les identifier pour pouvoir orienter les familles et qu'elles ne se cassent pas les dents vers toutes les résidences qui, elles, n'ont pas de places", explique le courtier. Encore une fois, il a visé juste. La mère de Carole a été acceptée, c'est un soulagement. "Elle rentre lundi, ils ont pris conscience qu'il y a un état d'urgence", se réjouit sa fille.
Pour les familles, la prestation est gratuite. Alors, comment se rémunère cet intermédiaire ? C’est l’Ehpad qui paie, et les prix varient en fonction du profil du résident. Comptez, par exemple, 3 000 euros pour un résident placé en long séjour, ou encore 750 euros pour un court séjour, comme un temps de repos après une hospitalisation. Visiblement les Ehpad sont prêts à payer pour avoir des clients, signe que certains ont du mal à faire le plein.
Un manque de rigueur
Le réseau privé Korian, lui, s'en sort bien : 88% de leurs chambres sont occupées, mais il souffre d'une mauvaise publicité, éclaboussé par les révélations du livre Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet, paru l'an dernier, sur un groupe concurrent. "On a eu beaucoup de familles qui sont venues plusieurs fois avant de se décider. On a su aussi les convaincre, mais c'est vrai qu'on a senti que c'était un peu plus difficile depuis la parution du livre", admet Camille Blanchet, directrice de l'établissement Korian des Hauts-de-Jardy, à Vaucresson. Cette dernière a très rarement recours à des organismes de placement, elle préfère rencontrer les familles en direct par le bouche-à-oreille.
Il faut dire que certains courtiers, qui promettent un accompagnement sur-mesure, ne ciblent pas toujours l'établissement le plus adapté à chaque personne âgée. Une ancienne directrice d'un Ehpad des Bouches-du-Rhône dénonce d'ailleurs un manque de rigueur. "Ça nous arrive, par exemple, d'avoir des contacts avec des personnes qui se trouvent à Paris et en fait, quand on discute avec la famille, elle nous dit qu'il n'a jamais été question que leur père, leur mère, leur grand-père, leur grand-mère soit dirigé vers un établissement du sud de la France", révèle-t-elle.
Tous les moyens semblent donc bons pour remplir certains Ehpad. Contacté par TF1, un autre courtier propose des promotions sur le prix des chambres. Sollicité également, le siège de l'organisme "Retraite Plus" ajoute : "Notre service contribue à réguler les tarifs d'hébergement pratiqués. Si les Ehpad avaient des taux trop faibles d'occupation, ils seraient obligés soit d'augmenter sensiblement leurs tarifs, soit de fermer".
Quant aux Ehpad qui n'ont pas de partenariat avec les courtiers, ils leur arrivent d'être boycottés. Une autre ancienne directrice en a fait les frais. "Il m'est arrivé de me retrouver face à des familles à qui l'organisme de placement avait pu dire que je n'avais pas de disponibilités dans mon établissement ou que, par exemple, je n'avais pas d'unité protégée dans mon établissement, ce qui est totalement faux", s'insurge-t-elle.
Plus largement, elle dénonce un business autour de la dépendance. "Si cet argent pouvait être redistribué pour les conditions de travail des salariés en Ehpad, je pense que la prise en charge des personnes âges ne s'en porterait que mieux", ajoute-t-elle. Selon cette ancienne directrice, sur un an, avec la somme qu'elle a versée aux courtiers, elle aurait pu embaucher un à deux salariés en plus dans son Ehpad.
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