Face aux pénuries de médicaments, certaines pharmacies sont autorisées à fabriquer des gélules pour approvisionner les patients.Une activité strictement encadrée possible notamment en cas d'absence d'alternative à un remède.Mais qui ne pourra pas pallier la production des grands laboratoires.
À l'approche des épidémies hivernales, les pharmaciens sont en alerte. Et pour cause, plusieurs médicaments sont encore en tension en France. Si la situation autour du paracétamol s'est rétablie, d'importantes inquiétudes persistent sur les corticoïdes, l'amoxicilline - médicament le plus prescrit chez les enfants - et désormais sur la flécaïne, un antiarythmique désormais quasi introuvable en France. Fin août, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait même signalé que les médicaments à base de flécaïnide à libération prolongée étaient "en tension d'approvisionnement au niveau mondial".
Face à cette situation, des pharmacies de l'Hexagone ont été autorisées à élaborer des préparations dites "magistrales", c'est-à-dire élaborées par leurs soins, "sur mesure", pour un patient donné, parce qu'il n'existe pas le dosage souhaité ou en l'absence d'alternative à ce médicament. Parmi elles : la pharmacie préparatrice Delpech, à Paris.
Notre force, c'est notre agilité à répondre vite à une demande, mais on ne peut jamais tenir une cadence comme les industriels
Fabien Bruno, pharmacien
Dans cette officine, depuis janvier, le rythme de production s'est largement accéléré : jusqu'à 1400 préparations par jour, tout médicament confondu, soit 35% de plus qu'au début de l'année. Et le patron prévient, sa pharmacie ne peut pas pallier les manques des grands laboratoires. "Notre force, c'est notre agilité à répondre vite à une demande, mais on ne peut jamais tenir une cadence comme les industriels. Nous, tout est fait sur mesure, à la main", explique Fabien Bruno dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.
Pour effectuer ses préparations magistrales, la pharmacie achète auprès des entreprises les "principes actifs" des médicaments, c'est-à-dire la molécule qui leur confère leur effet thérapeutique. Ils sont ensuite testés, pesés, mélangés à un excipient avant d'être mis dans des gélules dans un chargeur automatisé. Puis, ces dernières sont réparties dans de petits flacons à destination des patients. Depuis le début de l'année, l'officine produit ainsi de la flécaïne mais aussi de l'amoxicilline, des corticoïdes et de la bétahistine pour traiter les vertiges.
Si ces préparations magistrales peuvent dépanner les patients, elles ne pourront pas résoudre les pénuries qui touchent aujourd'hui les pharmacies. En 2022, 3500 signalements de ruptures de stock et de risques de ruptures avaient été recensés en France, une nette hausse par rapport aux 2160 recensés en 2021, selon le bilan de l'ANSM.