ALIMENTATION - Cube de bouillon, chocolat, pâte à tartiner... Nous mangeons chaque jour des hydrocarbures, selon Foodwatch. Une nouvelle étude de l'association de défense des consommateurs révèle qu’un produit sur huit contient des substances nocives pour la santé.
Leur nom de code : MOAH, pour Hydrocarbures Aromatiques d'Huiles Minérales. Dangereux pour la santé, mais invisibles à l’œil nu, ils contaminent bon nombre de produits alimentaires. L'association de défense des consommateurs Foodwatch en a testé 152 achetés en France (30), en Allemagne (39), en Belgique (20), aux Pays-Bas (27) et en Autriche (36), et a constaté que 19 d'entre eux étaient "contaminés par ces hydrocarbures, soit un produit sur huit (12,5%)".
Ces dérivés de pétrole "sont soupçonnés d’être cancérogènes et mutagènes", explique Foodwatch. "Leur influence sur le fonctionnement du système hormonal - perturbateurs endocriniens - a également été mise en évidence". En France, les aliments dans le viseur de l'association sont : les cubes de bouillon légumes Knorr sans sel et les cubes Knorr/Puget aux herbes et à l’huile d’olive, les cubes de bouillon légumes sans sel Jardin Bio Etic de Léa Nature, les cubes de bouillon de bœuf déshydraté de la marque Pouce d’Auchan et Fruit d’Or Oméga 3. En Allemagne, Autriche, Belgique et aux Pays-Bas, des cubes de bouillon Knorr sont également contaminés à des taux élevés. D’autres produits tels que des céréales Quaker au chocolat aux Pays-Bas, Nutella en Allemagne, de la pâte à tartiner Delhaize bio ou de la pâte à tartiner Milky Way en Autriche figurent également sur la liste noire.
"Ceci est à relativiser avec les concentrations d'exposition"
Si les sources de contamination sont jugées difficilement identifiables, l'association estime cependant que le risque est présent "tout au long de la chaîne de production pour tous les produits alimentaires". En effet, ces huiles sont par exemple utilisées "comme liants anti-poussière, lubrifiants dans les machines de production, comme agents de démoulage, comme agents de polissage ou dans les adhésifs. Volatiles, elles migrent facilement et contaminent notre alimentation alors qu’elles n’ont strictement rien à y faire", explique Foodwatch, qui demande le rappel immédiat des produits testés contaminés et lance une nouvelle pétition européenne.
Concrètement, quels sont les risques pour la santé ? Selon le docteur Stéphane Pirnay, toxicologue interrogé par TF1 dans le reportage en tête de cet article, "certains ont des propriétés toxiques, mais ceci est à relativiser avec les concentrations d'exposition". Il ajoute que "si ces concentrations sont trop élevées, et c'est avéré, à ce moment-là, il faut bloquer la mise sur le marché".
Depuis octobre 2015, l'association a alerté à plusieurs reprises sur la présence des MOAH dans des produits alimentaires de grande consommation. A l'époque, elle révélait que 6 produits testés sur 10, parmi lesquels riz, couscous, lentilles, cornflakes, cacao, ou encore pâtes, présentaient "un risque cancérogène lié aux MOAH". Quatre ans plus tard, l'association de consommateurs démontrait que sur 16 laits pour bébé achetés en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, la moitié contenait "une quantité préoccupante de MOAH". Suite à ces mauvais résultats, la Commission européenne et les États membres avaient décidé en 2020 d'établir un seuil à 1 mg/kg de présence de MOAH dans les poudres de lait infantile
A l'occasion de ces nouvelles révélations, Foodwatch appelle à "une réglementation qui impose une tolérance zéro pour les MOAH dans tous les aliments partout en Europe", et demande à la Commission européenne et à tous les États membres de l'Union européenne de légiférer pour contraindre les industriels à s’assurer qu’ils ne commercialisent que des aliments non contaminés par ces composés toxiques.
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