Vaccin anti-Covid : ces histoires de doses sauvées in extremis de la poubelle

A.P
Publié le 2 février 2021 à 18h32

Source : JT 20h Semaine

COVID-19 - Partout dans le monde, les soignants doivent faire preuve d'imagination pour optimiser au mieux les campagnes de vaccination. Lorsqu'elles risquent de se périmer, les précieuses doses peuvent être données à des publics non-prioritaires.

La consigne est claire : éviter le moindre gaspillage. En France, le ministère de la Santé a préconisé que les doses de vaccins  "surnuméraires" contre le Covid-19 soient injectées à toute personne volontaire, peu importe sa condition. Dans une note publiée le 29 janvier, il est ainsi précisé que les doses inutilisées peuvent, en dernier recours, être administrées à "toute personne qui ne relèverait pas de la cible prioritaire (...) mais dont la vaccination permettrait un jour donné de ne pas jeter de doses de vaccins". 

Il faut dire que le défi logistique est de taille : lorsqu'on ouvre un flacon de vaccin Pfizer-BioNTech, on dispose de six heures pour utiliser le reste, le sérum devant être conservé entre -70 et -80 degrés et toute rupture de la chaîne du froid le rendant inutilisable. Dans le centre de vaccination des Hauts-de-Seine où se rend TF1 dans le reportage en tête de cet article, le personnel a ainsi pris l'habitude de contacter les individus prioritaires dès qu'il y a des injections en trop. "S'il reste une dernière dose et qu'une personne se présente, c'est un heureux gagnant", commente Marie-Do Aeschlimann, adjointe au maire d'Asnières-sur-Seine et coordinatrice de la mission Covid. Et la France est loin d'être la seule à procéder de la sorte.

En Israël, l'annonce de doses restantes sur WhatsApp

Chez nos voisins Israéliens, champions de la vaccination, cette idée pragmatique est déjà en place depuis plusieurs semaines. Et leur système pour éviter le gaspillage semble plutôt bien rodé. Lorsqu'il reste des doses en fin de journée, les autorités sanitaires ont l'habitude d'informer la population via... WhatsApp. Quelques minutes plus tard, les volontaires jeunes et sans co-morbidité font la queue devant les centres de vaccination. Début janvier, au moins 100.000 personnes avaient déjà été vaccinées avec cette méthode

Peu importe que le public soit prioritaire ou non, le but de cette entreprise est bien de ne pas lâcher une seule goutte. Aux États-Unis, il est même possible de se faire vacciner presque par hasard au coin d'une rue. Dans le nord de Washington, deux étudiants ont ainsi reçu une première injection du vaccin Moderna d'une façon un peu soudaine début janvier : une pharmacienne leur avait proposé d'être vaccinés dix minutes avant la fermeture de l'établissement pour éviter de jeter les deux doses restantes. Une vidéo montrant ces deux jeunes se faire administrer la piqûre était devenue virale sur TikTok.

Vaccination nocturne à Seattle

Que ce soit dans la rue ou même sur l'autoroute, les sérums doivent être sauvés coûte que coûte. Toujours aux États-Unis, fin janvier, des soignants de l'Oregon ont vacciné des automobilistes alors qu'ils étaient coincés au milieu d'une route enneigée. Dans le coffre des professionnels de santé, il restait six doses qui risquaient d'être perdues. Il fallait donc réagir vite. Au beau milieu d'une tempête, les professionnels ont demandé aux conducteurs s'ils voulaient qu'on leur inocule le vaccin. Après 45 minutes, six personnes avaient été vaccinées. 

Autre drôle d'histoire : dans le Nord des États-Unis, à l'hôpital de Seattle, des patients sont réveillés en pleine nuit. Aux alentours de 21h, un frigo contenant 1600 vaccins Moderna est tombé en panne. La pression monte alors. Ces précieux sérums expirent à 5 h du matin. Pour éviter un éventuel gâchis, les soignants lancent le coup d'envoi d'une séance de vaccination en pleine nuit. Un appel sur les réseaux sociaux est même lancé pour accueillir davantage de patients. En quelques minutes, plusieurs personnes se posteront devant l'hôpital - certaines ayant même gardées leur plaid sur les épaules. 

D'autres individus tentent de provoquer la chance. Leur particularité : ils ne font pas partie du public prioritaire mais ils refusent d'attendre leur tour. Ils partent donc à la chasse aux vaccinations improvisées. Sur CNN, Isabela Medina raconte s'être postée devant une pharmacie pour récupérer des doses qui étaient sur le point d'expirer. Résultat concluant : à la fin de la journée, le personnel de la pharmacie a offert huit vaccins restants. Une chance pour la jeune femme qui était anxieuse à l'idée d'attraper le virus au bureau. 

Si ces anecdotes peuvent faire sourire, elles montrent à quel point, à l'heure actuelle, chaque goutte compte dans les flacons de vaccin.


A.P

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