Vaccination : ce que prévoient nos voisins allemand et espagnol

par Léa LUCAS
Publié le 26 novembre 2020 à 11h01

Source : JT 20h Semaine

CORONAVIRUS - Alors que l'Europe espère voir arriver un vaccin efficace d'ici fin 2020, les gouvernements mettent au point leurs plans pour l'injecter rapidement à leur population. L'Allemagne et l'Espagne, notamment, sont déjà sur le pied-de-guerre.

Une campagne "rapide et massive", qui débutera "dès fin décembre, début janvier" pour "les personnes les plus fragiles", sur la base du volontariat. Emmanuel Macron a donné mardi soir les grandes lignes de la stratégie française de vaccination contre le Covid-19. Comme ses homologues étrangers, le chef de l'Etat se retrouve face à un défi de taille. L'Union européenne a précommandé, auprès de 6 différents laboratoires, jusqu'à quasiment deux milliards de doses de vaccin (15% d'entre elles devant aller à la France). Reste à les administrer à ses 447 millions d’habitants.

Pour tous les pays, il s'agit d'être prêts dès que les autorisations de mise sur le marché seront délivrées. Deux de nos voisins européens, notamment, ont déjà détaillé leur plan. 

Anticipation, le maître-mot en Allemagne

Le vaccin est très attendu en Allemagne, frappée sèchement par la deuxième vague après avoir plutôt bien géré la première au printemps dernier. Si en France, les sondages indiquent que seule la moitié de la population est prête à se faire vacciner contre le Covid-19, la proportion monte à 70% outre-Rhin, où même les plus jeunes s'y montrent largement disposés. Ce qui n'a pas empêché il y a deux semaines le ministre de la Santé, Jens Spahn, d'assurer que les critères de sélection de ceux qui pourront bénéficier en premier du vaccin seraient "fortement débattus" pour bénéficier d'une "large acceptation" au sein de la société (Emmanuel Macron a de son côté indiqué mardi qu'un "collectif de citoyens" serait mis en place "pour associer plus largement la population").

La méthode allemande, sur laquelle François-Xavier Ménage se penche dans le reportage de TF1 en tête de cet article, repose sur l'anticipation, et ce depuis des mois. Les autorités, qui souhaitent cibler "en priorité ceux qui ont le plus haut niveau de risque", veulent que tout soit prêt pour le 15 décembre. Mais pour y parvenir, il s'agit de relever un immense défi logistique. 

Rien qu'à Berlin, six lieux stratégiques ont été choisis pour les futures vaccinations. Parmi eux, un immense centre des congrès à l'ouest de la capitale, ou encore plus au nord une patinoire qui va être transformée en laboratoire géant. Son responsable promet aux caméras de TF1 une vaccination en deux minutes chrono, pour aller jusqu’à 2500 injections par jour. "Notre vaccin germano-américain doit être conservé à moins 75 degrés. Il doit être ensuite être décongelé, puis il y a tout un processus complexe pour ensuite pouvoir l’injecter. Et ça, c’est impossible de le faire dans un cabinet médical lambda", souligne-t-il.

Pour conserver les vaccins, la puissante industrie allemande est déjà mise à contribution. Des réfrigérateurs capables de descendre à moins 80 degrés - coût : 20.00 euros l'unité - sont sur les lignes de production. Chez le spécialiste du verre Schott, la production de flacons tourne à plein régime : cette référence allemande du secteur médical fabrique depuis plus d'un mois des millions de fioles en vert dans lesquelles le vaccin sera bientôt intégré. Et pour les transporter, des avions-cargos sont déjà pré-réquisitionnés. Même l'armée allemande est mobilisée : 60 hangars vont accueillir les 300 millions de doses commandées par le pays.

La moitié de la population vaccinée en Espagne mi-2021

De son côté, le gouvernement espagnol cherche à redonner de l'espoir à sa population, chez qui le Covid a tué plus de 43.000 personnes, en annonçant une stratégie ambitieuse. Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a ainsi affirmé que son pays serait "le premier pays de l'Union Européenne avec l'Allemagne à avoir un plan complet de vaccination."

Dévoilé mardi, ce plan vise à faire bénéficier du vaccin à la moitié de la population d'ici l'été 2021, en commençant à l'administrer si possible dès le mois de janvier, en fonction de la date d'autorisation de mise sur le marché des vaccins. "Nos prévisions sont que, dans tous les scénarios raisonnables, une partie très substantielle de la population espagnole pourra être vaccinée, avec toutes les garanties, au cours du premier semestre de l'année prochaine", a déclaré le chef du gouvernement. 

Le pays, qui a notamment récemment autorisé le lancement de la dernière phase d'essai clinique d'un vaccin élaboré par le groupe américain Johnson & Johnson, vaccinera en premier les personnes âgées en maison de retraite ainsi que le personnel de ces résidences. "Durant la première phase, nous nous concentrerons sur les personnes les plus vulnérables, un groupe d'environ 2,5 millions de personnes", a indiqué ce mardi le ministre de la Santé Salvador Illa. Le vaccin, qui se fera là aussi sur la base du volontariat, "sera gratuit et sera administré via le système national de santé", a-t-il ajouté.

Parmi les autres pays de l'Union Européenne, l'Autriche actuellement confinée, notamment, a indiqué qu'elle aussi comptait entamer en janvier sa campagne de vaccination en commençant par les personnels de maisons de retraite et les pensionnaires de plus de 65 ans, les personnes à risque et les professionnels de santé, avec l'objectif de vacciner "au moins 50%" de sa population.


Léa LUCAS

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