Virus Ebola - Le personnel soignant est très exposé

Publié le 16 octobre 2014 à 16h15
Virus Ebola -  Le personnel soignant est très exposé

EBOLA – Une infirmière française est considérée comme un cas suspect et a été hospitalisée à Bégin (Saint-Mandé). En Espagne, une aide-soignante de l'hôpital Carlos III avait aussi été contaminée par le virus. En cause, des failles de protocole... pas si étonnantes. Explications.

Dans la lutte contre Ebola, le personnel soignant est aux premières loges. Et il ne leur suffit pas de se protéger les mains ni de porter une combinaison intégrale pour éviter d'être eux-mêmes contaminés.

Éviter la contagion, c'est un métier

Didier Raoult, coordinateur de l'institut médico-hospitalier Méditerranée Infection, à Marseille, explique à metronews qu'"éviter la contagion, c'est un métier : ce qui compte, c'est l'entraînement. C'est comme d'apprendre à conduire. Il ne suffit pas de savoir où se trouve l'embrayage". C'est bien pour cela que les centres de santé de référence habilités pour la prise en charge de patients Ebola suivent des formations fréquentes, avec un membre du personnel soignant dans le rôle du malade.

Avec le docteur Philippe Brouqui, chef du service des MIT de l'hôpital Nord de Marseille, le professeur Raoult a compté le nombre de contaminations secondaires, toutes maladies infectieuses confondues, advenu dans cet hôpital. Si dans les services de MIT, aucun cas n'était à déplorer, il n'en allait pas de même dans ceux de médecine interne, où le personnel et d'autres malades étaient contaminés. Preuve qu'une formation et de l'habitude sont nécessaires.

Le déshabillage, le moment le plus compliqué

Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales (MIT) de l'hôpital Bichat, à Paris, le confirme à metronews. Lui dont le service a hospitalisé le cas probable mais non avéré d'un malade Ebola reste humble : "Je ne dis pas que tout le monde est bien formé et qu'il n'y aura jamais de fautes, mais il est clair que cela vient avec l'expérience."

Le moment le plus compliqué est celui du déshabillage, précise-t-il. C'est ainsi que  l'aide-soignante espagnole avait été contaminée . Lui-même s'y est formé et admet que "ce n'est pas simple", puisqu'il faut éviter de toucher les parties des vêtements de protection qui ont été en contact avec les malades.

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25% des soignants seulement suivent bien le protocole

À cela viennent s'ajouter des explications anthropologiques. Il arrive que les soignants ne prennent pas au sérieux les recommandations, ayant l'impression qu'elles sont là pour les enquiquiner avant tout. Le professeur Raoult prend l'exemple de la grippe : "Les masques, c'est l'enfer. Au bout d'un certain temps les gens peinent à respirer, d'autres veulent aller fumer... On n'est pas dans un jeu vidéo où tout le monde met des masques lorsqu'il faut en mettre."

Une autre étude a été menée pour vérifier si le personnel suivait le circuit recommandé dans la chambre des malades contagieux, puces dans les chaussures et visiosurveillance à l'appui. "Les premières analyses sont inquiétantes : seul un quart du personnel respecte à 100% les recommandations." Et encore... Ce score, bien que faible, est plus élevé que dans les autres services puisqu'il s'agit des personnels les plus entraînés.

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La rédaction de TF1info

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