À LA LOUPE – Des travaux scientifiques menés en Antarctique et soutenus par la Nasa ont permis d'identifier des particules surprenantes, à la trajectoire inexpliquée. Un indice déterminant pour envisager l'existence d'un univers parallèle, comme l'ont relayé des médias ? Rien n'est moins sûr…
"C’est une extraordinaire découverte qui bouleverse toutes nos certitudes cosmique", "L’info ressemble au pitch d’un film de science-fiction des années 50 mais elle fait la une du très sérieux New Scientist." Ces formules, tirées d'articles parus ces derniers jours, traduisent l'engouement suscité par les travaux d'une équipe scientifique en Antarctique. Ils auraient en effet, si l'on en croit le récit qui est rapporté de leurs expériences, identifié des particules dont la trajectoire accréditerait la thèse d'un univers parallèle.
Si ces recherches, commentées à travers le monde, ont de quoi faire tourner les têtes, ne faut-il pas se montrer prudent quant aux conclusions qui en sont faites ? Lorsque l'on se penche plus en détails sur les travaux des scientifiques et sur leurs déclarations, les preuves deviennent des indices, et les pistes sérieuses de simples hypothèses…
Un phénomène inexpliqué
Pour comprendre l'objet d'un tel engouement, il est nécessaire de repartir en arrière. En 2016, des scientifiques membres du projet Anita ont publié les premiers résultats de travaux menés depuis une dizaines d'années en Antarctique, et pour lesquels ils ont reçu un soutien financier de la Nasa. À l'aide d'un ballon atmosphérique d'antennes radio, ils ont cherché à identifier la trajectoire de neutrinos cosmiques de très hautes énergies, des micro-particules venues de l'espace et susceptibles d'améliorer notre compréhension de l'univers et des rayons cosmiques.
Qu'ont observés les chercheurs ? Que des particules, plutôt que d'être logiquement captées en provenance de l'espace, paraissaient venir de la glace, sans qu'il s'agisse d'un simple reflet. Des anomalies partagées à la communauté scientifiques à l'époque et qui ont depuis suscité curiosité et théories diverses. C'est justement une théorie émise en 2018 pour expliquer ce phénomène, qui a fait l'objet de reprises dans la presse anglophone puis française ces derniers jours.
Une équipe de de l'Université de New York, relate Le Parisien, "a postulé que les 'événements d'Anita' seraient la 'preuve' de l'existence d'un 'univers symétrique'. Son raisonnement ? Les particules en question n'ayant pas pu selon eux 'traverser' la Terre, si elles semblent en surgir, c'est parce qu'elles remontent... le temps, et évoluent donc dans un univers parallèle."
Si cette hypothèse a suscité l'intérêt de la revue New Scientist, elle n'émane donc pas des chercheurs à l'origine de ces observations et n'est qu'une piste parmi d'autres pour tenter d'expliquer ce phénomène. Difficile dès lors de parler de preuve tangible, le mystère de ces particules restant aujourd'hui encore entier.
D'autres pistes à explorer
Associés par erreur à la théorie d'un univers parallèle, les scientifiques auteurs des observations au-dessus de l'Antarctique ont tenu à régir, à travers plusieurs interviews dans lesquelles ils ont rectifié plusieurs points. Le physicien Peter Gorham, à la tête du projet Anita, a martelé n'avoir "rien à voir avec le développement de l'idée d'un univers parallèle", une méprise due selon lui à l'article d'un journaliste qui aurait entretenu cette confusion.
"Nous avons rencontré un petit nombre d'anomalies dans nos données, et une fois que nous avons épuisé toutes les explications possibles dans le modèle standard de la physique, c'est seulement alors qu'il est temps d'examiner d'autres idées qui repoussent ces limites — nous ne sommes vraiment pas encore, certainement pas, au point où des univers parallèles sont nécessaires !" a-t-il depuis ajouté.
De toute évidence, de nombreux travaux demeurent nécessaires avant que ne puissent émerger un consensus ou des conclusions. Un processus long, comme rappelle Peter Gorham, les avancées scientifiques passant "avant tout par un processus prudent de relectures, de vérifications et de reproductions par des pairs."
Il convient donc d'aborder avec une grande précaution les hypothèses et théories liées à ces observations de particules, dans l'attente d'analyses plus poussées et de plus grandes certitudes scientifiques. Il convient aussi de souligner que si la Nasa a contribué au financement de ces travaux, elle n'en est pas directement à l'origine.
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