Avion d'Air France volant à l'huile de cuisson : le carburant du futur ?

V. F
Publié le 20 mai 2021 à 10h29

Source : TF1 Info

AVIATION - C'est une grande première. Un Airbus d'Air France a traversé l'Atlantique non pas avec du kérosène, mais avec un carburant à base d'huiles de cuisson usagées. Explications.

Rarement un vol long courrier n'aura rassemblé autant de personnalités : le patron du groupe pétrolier Total, des dirigeants d'Air France, et le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, tous réunis physiquement, une première depuis le début de la crise du Covid, pour l'avitaillement d'un Airbus A350 flambant neuf. Sa particularité : il va relier le Canada avec un carburant composé à 16% d'huiles de friture.

"Ce carburant d'aviation durable (sustainable aviation fuel, SAF) composé essentiellement d'huile de cuisson usagée va nous permettre de baisser les émissions de CO2 d'à peu près 15%", explique Anne Rigail, la directrice générale d'Air France. Une première d'autant que ce bio-carburant, produit par Total, est 100% français. Mais est-ce si simple de le fabriquer ?

Quatre fois plus cher

La technique est plutôt complexe, car pour obtenir ce carburant, il a fallu collecter les huiles usagées de la restauration rapide, et les traiter à l'hydrogène pour les rendre plus résistantes. "Ensuite, cette biomolécule est mélangée à du carburant traditionnel, type kérosène pour donner ce nouveau carburant", détaille François Cremadeills, le directeur des opérations chez Total Aviation. Autre particularité : son prix. Le SAF de Total coûte quatre fois plus cher à produire que le kérosène d'origine fossile. Notamment parce qu'il subit un traitement spécifique pour supporter les températures très basses en altitude. 

Et c'est le passager qui devra payer. Or, 1% de SAF "représente en gros 100 millions d'euros de charges en plus pour les compagnies aériennes opérant sur le territoire français", selon Patrick Pouyanné, le PDG de Total. Répercuté sur un Paris-Montréal, cela signifierait "4 euros en plus pour un billet d'avion au coût actuel du bio-carburant durable", avance-t-il reconnaissant que ce marché est aujourd'hui "une niche". "Mais avec une expansion du marché, on espère le baisser et le ramener à 2 ou 3 euros", poursuit-il.

Toutefois, cette initiative, censée être plus chère au nom de l'environnement, ne convainc pas certaines organisations écologistes. "Ces techniques ne nous permettront pas de produire les volumes nécessaires pour répondre à l'ensemble des demandes de l'ensemble des secteurs donc il va falloir aussi agir sur la sobriété, sur la réduction du trafic aérien", admet Sarah Fayolle, chargée de la campagne Transports chez Greenpeace France. 

Dans un des secteurs les plus polluants, l'enjeu est donc de trouver d'autres leviers. Les avions à hydrogène sont à l'étude. L'objectif étant de réduire drastiquement les émissions de carbone d'ici à 2050.


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