ÉDITO - "Le progrès est-il de sauver le climat et la biodiversité ou de pouvoir regarder sur une plage une vidéo de chat en 4K sur Instagram ?", interroge Fabrice Bonnifet, président du C3D, le Collège des directeurs du développement durable. Il plaide pour des innovations véritablement au service de l'humanité.
Chaque début d’année, le CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas rassemble "ce qui se fait de mieux" sur la planète en matière de technologies. Cette année pourtant, le virus SARS-CoV-2, plus connu sous son nom de scène COVID-19, s’est invité à la fête, transformant ce salon de la démesure techno-centrée en un simple programme de webinaires. Si les virus informatiques high-tech provoquent des dégâts considérables sur les serveurs du monde entier, force est de constater que les virus biologiques low-tech sont encore autrement plus perturbants...
Qu’à cela ne tienne : paradis des technophiles et des transhumanistes, cet événement, qui se qualifie en toute modestie de "plus influent au monde", piste d'essai des technologies de pointe et terrain de jeu des innovateurs mondiaux, considère toujours défendre le progrès par la technologie. Certes, indéniablement, la croissance des connaissances scientifiques et technologiques a permis l’émergence d’innovations incroyables dans tous les domaines, et en conséquence, a amélioré le confort matériel d’une partie de l’humanité. Mais force est de constater que depuis quelques années, nombre d’innovations n’apportent rien de véritablement utile à cette même humanité. Pourtant, les vendeurs d’illusion de la techno-fascination continuent de présenter tapis de bain connecté, lanceur de friandises interactif pour chiens, brosse à cheveux connectée, textiles "intelligents" (la liste est infinie), voitures autonomes… comme autant d’innovations "indispensables" ?
Convenons aujourd’hui que les effets collatéraux négatifs (consommation d’énergies, déchets électroniques, extraction des métaux, émissions de CO2, pollution de l’air, de l’eau, déforestation…) de cette course au futile interpellent. Plus les défis semblent sérieux, plus le délire continue. Les conditions de vie sur terre ne seront bientôt plus optimales ? Pas grave, les générations futures se débrouilleront. Parmi les promoteurs de la technologie pour la technologie, les plus illuminés rêvent même d’aller conquérir Mars, puis de la viabiliser pour pouvoir y séjourner. Au lieu de dépenser des milliards à essayer de ressusciter un astre mort, ne devrions-nous pas plutôt veiller à ne pas finir d’abîmer notre planète vivante ? Il est incompréhensible de soutenir avec de l’argent public ou privé le développement de l’insoutenable, et "en même temps" de prétendre engager une transition écologique.
Pire, une large part des budgets publics, ainsi que ceux des plans de relance post-Covid, est consacrée à "l’urgence absolue du développement de la transformation numérique", sans laquelle, parait-il, les entreprises ne pourraient plus se différencier et notre économie ne pourrait pas envisager sa pérennité. On a le droit de croire que les promesses de la croissance infinie des connaissances permettront sans doute un jour de faire neiger dans le désert, toutefois ne nous moquons pas trop vite des Amish qui savent que les arbres ne grimpent pas au ciel.
Quand arrêterons-nous d’osciller entre inconscience et indifférence ? Si l’objectif même de l’innovation, depuis le silex taillé, est de se simplifier la vie face à une contrainte, aujourd’hui, il doit être de la sauver. Si nous voulons continuer d’être libres, nous devons accepter d'être responsables. Pour cela, nous devons évaluer les impacts globaux réels des innovations avant de chercher à les transformer en solutions commerciales. Ne serait-ce pas raisonnable d’estimer sincèrement les effets rebonds de nos innovations et de limiter enfin nos consommations d’énergie et de matières premières ?
Décidons collectivement, en conscience : le progrès, avec sa définition actuelle, est-il de sauver le climat et la biodiversité ou de pouvoir regarder sur une plage une vidéo de chat en 4K sur Instagram ? Alors que le climat se dérègle dramatiquement et que le vivant s’effondre, décidons-nous à orienter en urgence le génie humain sur des besoins essentiels à sa santé et au maintien des écosystèmes indispensables à la vie. Les organisations humaines qui s’affranchissent allègrement de la notion de dette écologique et des limites planétaires pour établir leur modèle économique, n’ont plus de raison d’être. Place à l’innovation réellement utile : il est temps de requalifier la notion de progrès, qui ne peut plus être qu’au service des communs.
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Bienvenue dans le podcast "Impact positif", dédié à celles et ceux qui veulent changer la société et le monde. Devant l'urgence climatique, la crise démocratique, une société aux inégalités croissantes, certains ont décidé de ne pas rester les bras croisés, ils ont un coup d'avance, l'audace de croire qu'ils peuvent apporter leur pierre à l'édifice. Ils sont ce que l'on appelle des Changemakers.
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