La comète Neowise est au plus près de la Terre : comment l'observer jusqu'à la fin du mois (ou dans 6800 ans)

Publié le 23 juillet 2020 à 10h30
La comète Neowise photographiée le 12 juillet dernier, depuis le sud de l'Allemagne.

La comète Neowise photographiée le 12 juillet dernier, depuis le sud de l'Allemagne.

Source : Karl-Josef Hildenbrand / dpa / AFP

BALLET COSMIQUE - Une "star" parmi les étoiles. Depuis plusieurs jours, Neowise est visible à l’œil nu partout en France. Elle est au près de la Terre ce jeudi 23 juillet. Un spectacle, qui ne se reproduira pas avant 6800 ans. L'astrophysicien Anthony Salsi nous dit comment l’observer.

Jusqu'à la fin du mois de juillet, les chasseurs d’étoiles n’auront d’yeux que pour elle. Une boule gelée métamorphosée en multigeyser cosmique fait actuellement le show sous les "sunlights" de notre étoile. Une visite due aux hasards de la mécanique céleste et des rebondissements gravitationnels. Relique remontant à la formation du système solaire, la comète "C/2020 F3" a été découverte en mars dernier par une équipe d'astronomes, dans l’œil du télescope spatial américain Neowise, d’où son petit surnom !

Le passage dans nos cieux de cette bête cosmique à la crinière étincelante est un événement rare. La dernière fois qu'elle nous a rendu visite, c'était il y a environ 4500 ans. Quant à savoir quand elle reviendra ? Peut-être dans 6800 ans, difficile à prédire. Une chose est sûre, ce n'est pas vous qui la reverrez. En ce moment, ce corps inerte d’un diamètre d’environ 5 kilomètres, crachant plusieurs tonnes d'eau à la seconde et presque autant de poussières, se trouve à 0,8 unités astronomiques de notre planète, soit environ 120 millions de kilomètres.

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"Le fait qu'une comète de ce gabarit soit visible à l'œil nu est assez peu commun", confirme Anthony Salsi, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte-d’Azur. "Généralement, ces corps brûlent au moment de leur passage au plus proche du Soleil, il ne reste donc quasiment rien de la comète après cela. Mais lorsque le cœur d'une comète est assez grand et solide pour résister aux fortes radiations émises par notre étoile, celui-ci se réchauffe, son activité augmente, et sa luminosité croît subitement", explique ce spécialiste. La dernière en date visible à l'œil nu était la fameuse comète Hale-Bopp, en 1997.

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Quand et où regarder dans le ciel ?

Depuis le 10 juillet, la comète Neowise est devenue circumpolaire, c'est à dire qu'elle est observable toute la nuit. Filant à la vitesse de 63,4 kilomètres par seconde, elle se trouve actuellement dans la constellation du Lynx, entre le Cocher et la Grande Ourse. "Pour l'apercevoir sous nos latitudes, il faut regarder en direction du nord-est. Elle n'est pas très loin de Vénus dans le ciel, on peut donc s'aider de celle-ci pour la repérer", conseille l'astrophysicien. Les moments à privilégier, où la comète est au plus haut dans le ciel, sont au crépuscule le soir (après 23 heures ) et à l'aube le matin (entre 4 heures et 5 heures). Un spectacle visible jusqu'à la fin du mois, mais c'est le jeudi 23 juillet qu'elle sera le plus près de la Terre.

"Le mieux est de se lever de bonne heure, à l'aube, car elle reste visible plus longtemps qu'au crépuscule", précise Anthony Salsi. Pour l'observer dans les meilleures conditions possibles, il vaut mieux privilégier un endroit dépourvu au maximum de pollution lumineuse et de préférence en altitude. "La comète étant très basse sur l'horizon, à moins de 10° au dessus de celui-ci, il sera difficile voire impossible de l’apercevoir si une montagne ou des immeubles se trouvent autour de vous. Monter en altitude peut-être une solution. Le bord de mer aussi", poursuit l'astrophysicien, qui a immortalisé le passage de l'astre le 10 juillet dernier.

Que verra-t-on exactement ?

En levant les yeux, sous réserve bien sûr d'avoir un ciel bien dégagé et sans pollution lumineuse, il vous sera possible d'apercevoir à l’œil nu sa longue chevelure, une traînée de gaz et de particules glacées qui se détache du noyau sous l'action des vents solaires. Si vous disposez de jumelles, vous pourrez distinguer plus nettement sa queue de poussières, de couleur jaune-blanc, qui s'étend sur des millions de kilomètres. Ceux qui disposent d'un appareil photo doté d'un téléobjectif, pourront quant à eux distinguer sa deuxième queue, plus fine et de couleur bleue, qui est composée de gaz ionisé. 

Comment la photographier ?

Pour immortaliser le passage de la comète Neowise, vous pouvez vous munir soit d’un smartphone ou soit d'un appareil photo. Dans le premier cas, assurez-vous que votre téléphone dispose d'un "mode pro". Dans le menu des réglages, sélectionnez un temps de pose de 30 secondes et une ISO de 800 pour la sensibilité lumineuse. "Si la pollution lumineuse est trop importante, il faudra baisser l'ISO et l'ajuster pour que les lumières de la ville ne saturent pas l’image", conseille Anthony Salsi. Stabilisez ensuite votre appareil, entre deux pierres par exemple, et utilisez un retardateur pour éviter les tremblements au moment de la prise.

Avec un appareil photo compact ou reflex, l’idéal est de se servir d'un trépied. Dans le cas contraire, utilisez un temps de pose le plus court possible. "Si vous disposez d'un objectif de 200 mm par exemple, le temps de pose doit être de deux ou trois secondes. En revanche, avec une petite focale (18 mm), vous pouvez aller jusqu'à 10 secondes", recommande l'astrophotographe. Pour l'ISO, au minimum 800 sous un bon ciel, loin de toute pollution, comme avec un smartphone. "Le mieux est de réaliser plusieurs tests en jouant sur tous ces paramètres, et de trouver le meilleur ensemble possible pour un rendu optimal", explique Anthony Salsi, qui conseille également l'utilisation d'un logiciel de retouche d'image pour améliorer le rendu final.


Matthieu DELACHARLERY

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