Course à la Lune : les regards sont rivés sur la mission de la Nasa, mais où en est la Chine ?

Publié le 30 novembre 2022 à 10h37, mis à jour le 1 décembre 2022 à 12h18

Source : JT 20h WE

La Nasa a lancé, le mois dernier, la mission Artemis I.
L'objectif de l'agence spatiale américaine est d'envoyer à nouveau des humains sur la Lune à l’horizon 2025.
De son côté, l'Empire du milieu ambitionne d'implanter une base lunaire qui doit être opérationnelle en 2035.

Cinquante ans après la fin du programme Apollo, la Nasa ambitionne d’envoyer à nouveau des humains sur la Lune à l’horizon 2025. Alors que tous les yeux sont rivés sur la mission Artemis I, premier volet de ce remake des années 1960, une autre grande puissance, moins adepte des coups de projecteur, se prépare à envoyer ses tout premiers humains sur la Lune, avec l’ambition, elle aussi, d’y établir une présence permanente. La Chine, qui a pris le train de la conquête spatiale en marche - le premier taïkonaute s'est envolé dans l'espace seulement en 2003 - rattrape peu à peu son retard. Et pour cause.

L’Empire du milieu investit des dizaines milliards de yens dans son programme spatial depuis plusieurs années, tout en profitant du savoir-faire russe, notamment pour la formation de ses taïkonautes. Car Pékin avance ses pions et une gigantesque partie d’échec en orbite lunaire se profile à l’horizon. À l’occasion de la conférence internationale sur l’espace, qui s’est tenue la semaine dernière à Haikou en Chine, le pays a dévoilé ses ambitions spatiales, qui vont d'une présence humaine sur la Lune puis sur Mars, en passant par des missions robotisées aux confins de l'Univers.

À la tribune, Wu Weiren, le patron du programme lunaire chinois, a rappelé que Pékin s’est fixé comme objectif d’envoyer ses premiers humains sur la Lune avant 2030. Trois taïkonautes devraient participer à la mission, mais seulement deux d’entre eux poseront le pied sur la surface lunaire, pendant environ six heures, a-t-il détaillé, cité par l’agence SpaceNews. D’ici là, comme pour le programme américain Artemis, plusieurs missions seront lancées par l’agence chinoise, des vols spatiaux habités (CMSA) pour étudier le sol, tester les technologies et placer des satellites relais, notamment.

Après le succès de la mission Chang’e-5, qui a permis de collecter des échantillons de roches lunaires sur la face cachée de la Lune et de les ramener sur Terre, la Chine va tenter, cette fois, de collecter jusqu’à deux kilogrammes de matériaux, dans le Pôle Sud-Aitken, qui n’est autre que plus grand bassin d'impact sur la surface lunaire. Le lancement de la mission est prévu pour début 2026. En parallèle, un satellite relais sera envoyé en orbite autour de la Lune pour faciliter les communications avec la Terre depuis les environs du pôle Sud de la Lune. Suivra alors la mission Chang’e-7, qui comprendra un orbiteur et un atterrisseur, à l’intérieur duquel prendront place un rover et un drone, vraisemblablement.

Une base lunaire habitable à l'horizon 2035

Au sol, le robot d’exploration sera chargé d’étudier la topographie ainsi que la composition du sol lunaire et son environnement, tandis que son compagnon survolera des cratères en quête de trace d’eau sous forme de glace. Les zones d’atterrissage que cible l’agence spatiale chinoise dans la région sont à cheval avec celles de la Nasa. Mais sur la Lune, la règle est claire : premier arrivé, premier servi, d’où la volonté de s’y rendre au plus vite. Enfin, en 2028, la mission Chang’e-8 aura pour objectif de tester l’utilisation de technologie d’impression 3D à partir de ressources in situ, grâce aux connaissances acquises par les missions de retour d’échantillons.

La construction de la station internationale de recherche lunaire (ILRS) devrait quant à elle intervenir à partir de 2030. "Nous espérons achever la construction de l'ILRS d'ici à 2035 et nous espérons également qu'elle deviendra un mégaprojet scientifique national", a déclaré le patron du programme lunaire chinois, cité par le site SpaceNews. L’agence chinoise des vols spatiaux habités a programmé cinq missions (de ILRS-1 à 5) pour mettre en place des infrastructures en orbite et en surface. Pour cela, elle s’appuiera sur la fusée Longue Marche 9, dont des responsables ont récemment annoncé qu'ils avaient modifié la conception pour la rendre réutilisable. 

Par ailleurs, à en croire le média chinois South China Morning Post, l'Empire du milieu plancherait actuellement sur un nouveau système utilisant l'énergie nucléaire pour répondre aux besoins énergétiques à long terme de sa future station lunaire. En août dernier, un réacteur d'une puissance de l'ordre du mégawatt conçu par l'Académie chinoise des sciences a passé avec succès un examen clé. Pour mener à bien cette entreprise, la Chine pourra également compter sur l’appui de la Russie, aujourd’hui son principal (et unique) partenaire. Moscou a fait savoir que les missions de son programme Luna participeront à l’effort. 

Malgré tout, hormis la Russie, la Chine ne parvient pas à trouver des partenaires de premier plan. Et le contexte de l'invasion russe en Ukraine n'arrange pas les affaires de Pékin. Lors du congrès international de l'astronautique (IAC), qui s'est tenu à Paris au mois de septembre, la Chine s’est déclarée ouverte aux partenariats internationaux mais sans mentionner son partenaire de l'est de l'Europe, devenu persona non grata. Selon le correspondant du journal Le Monde en Chine, cinq pays seulement étaient représentés physiquement à la conférence qui s'est tenue à Haikou, la capitale du Hainan, qui abrite une des quatre bases de lancement du pays : la Russie, l’Iran, le Venezuela, la Thaïlande et… la France.


Matthieu DELACHARLERY

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