Des scientifiques partent à la recherche des terres immergées de Zealandia, le "nouveau continent"

Publié le 29 juillet 2017 à 7h00

Source : Sujet TF1 Info

ARGONAUTE – Le Joides Resolution, un navire de recherche, a quitté vendredi l'Australie pour explorer Zealandia, une zone terrestre essentiellement immergée regroupant notamment la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie. Plusieurs scientifiques la considèrent comme un "nouveau continent".

La zone à découvrir est grande comme la moitié du Canada. Un navire de recherche a quitté l'Australie ce vendredi pour explorer Zealandia, une gigantesque masse terrestre essentiellement immergée sous les eaux de l'océan Pacifique, que des scientifiques défendent bec et ongles comme un "nouveau continent". Une hypothèse qui est loin de faire consensus, comme le nombre de continents d'ailleurs, mais que de nombreux chercheurs estiment hautement probable.

Zealandia, qui s'est désolidarisé du supercontinent Gondwana il y a 75 millions d'années, couvre une superficie de 4,9 millions de kilomètres carrés. Près de 95% de cette surface est immergée, et ses deux principales terres émergées sont la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie. En février dernier, des scientifiques australiens, néo-calédoniens et néo-zélandais ont publié dans le journal de la Société américaine de géologie un article détaillant les raisons pour lesquelles Zealandia, dont l'existence est évoquée depuis au moins 1995, devrait être considéré comme un continent.

Ces quatre critères qui font de Zealandia un continent

Pour eux, Zealandia répond à quatre critères fondamentaux de la définition d'un continent. Ils citent l'élévation de cette masse par rapport aux alentours, en expliquant que ses limites sont le point où les plaines abyssales rencontrent le talus continental, entre 2500 et 4000 mètres de profondeur. Le point culminant du continent serait le Mont Cook en Nouvelle-Zélande (3.754 m). Ils évoquent ensuite sa géologie propre, sa forme bien délimitée – visible depuis l’espace – ainsi que la structure et l'épaisseur de sa croûte. 

Seuls 25 kilomètres séparent cette masse du continent australien dans la partie la plus étroite mais, relèvent les scientifiques, la dépression océanique y plonge à 3600 mètres de profondeur. Le Joides Resolution y fera des prélèvements afin de mieux comprendre l'évolution géologique de la zone depuis des dizaines de millions d'années. Les roches et sédiments prélevés seront étudiés à bord. Ils doivent faire progresser la connaissance de l'histoire océanographique de la zone ou encore de ses phénomènes climatiques et tectoniques.

Si on pouvait vider les océans, les chaînes de montagne et cette énorme masse continentale sauteraient aux yeux de tous
Nick Mortimer, scientifique ayant participé à l’étude sur Zealandia

Jerry Dickens, un des responsables scientifiques de l'expédition, a notamment pointé l'importance de la zone pour les études climatiques. "A mesure que l'Australie a dérivé vers le Nord et que la mer de Tasmanie s'est agrandie, les schémas de circulation ont fluctué, de même que les profondeurs de l'eau autour de la Nouvelle-Zélande", a expliqué ce chercheur de l'Université du Texas. "Cette zone a eu une influence importante dans les changements globaux." L'un des principaux contributeurs de l'étude publiée en février, Nick Mortimer, avait expliqué que des chercheurs rassemblaient depuis 20 ans des éléments défendant l'existence d'un continent. 

Mais leurs efforts ont été compliqués par le fait que Zealandia soit noyée sous les eaux. "Si on pouvait vider les océans, les chaînes de montagne et cette énorme masse continentale sauteraient aux yeux de tous", avait dit à l’époque Nick Mortimer, disant espérer que Zealandia figure un jour sur "les cartes et dans les écoles". Les auteurs de l'étude affirment, eux, que Zealandia serait le septième en terme de taille, après l'Afrique, l'Eurasie, l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud, l'Antarctique et le continent australien. "L'intérêt scientifique de classer Zealandia comme un continent va bien au-delà du simple fait d'ajouter un nom sur une liste", écrivaient les chercheurs. "Qu'un continent puisse être ainsi immergé mais pas fragmenté est utile à la compréhension de la cohésion et la destruction de la croûte continentale."


La rédaction de TF1info

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