Au Royaume-Uni, des scientifiques sont parvenus à modifier le groupe sanguin de trois reins avec succès.Ces recherches pourraient ouvrir la voie à une augmentation considérable du nombre d'organes disponibles pour les demandeurs.En France, près de 20.000 personnes attendent de recevoir un nouveau rein.
Près de 20.000 personnes sont actuellement dans l'attente d'une greffe de rein en France. Selon l'Agence de biomédecine, près de quatre greffés sur dix ont patienté entre un et trois ans avant d'être opérés. Cette attente pourrait, dans un futur plus ou moins proche, se réduire considérablement. En effet, des chercheurs britanniques sont parvenus à modifier le groupe sanguin de plusieurs reins lors de tests en laboratoire. Une telle avancée pourrait permettre d'améliorer les chances de survie des demandeurs en permettant de greffer n'importe quel rein, peu importe son type.
Il existe en effet trois groupes sanguins : le A, le B et le O. Lors d'une transplantation, aucun malade avec le groupe A ne peut recevoir un organe venant d'un donneur avec un sang de groupe B et vice-versa. En revanche, si l'organe transplanté est du groupe O, alors il peut être greffé à n'importe qui.
Concrètement, les scientifiques de l'université de Cambridge se sont servis d'une machine permettant de perfuser du sang au travers de l'organe à 37° C, la température normale du corps humain. Durant leur expérimentation, ils ont utilisé une enzyme visant à éliminer tous les marqueurs de groupe sanguin présents dans les reins. En effet, dans notre corps, l'ensemble des vaisseaux sont tapissés de récepteurs (appelés "marqueurs") qui sont propres au groupe A ou B. Dans le cas d'un rejet, ce sont parfois ces marqueurs qui sont en cause.
"Ces recherches peuvent changer la donne"
"En prenant des reins humains de type B et en pompant l'enzyme à travers l'organe à l'aide de notre machine de perfusion normothermique, nous avons vu en quelques heures seulement que nous avions converti un rein de type B en un type O. C'est très excitant de penser à la façon dont cela pourrait potentiellement avoir un impact sur tant de vies", s'est réjoui Serena MacMillan, chercheuse à l'Université de Cambridge (Royaume-Uni), dans les colonnes du Guardian. Et pour cause, avec un tel changement, il est possible de transplanter cet organe "universel" à un malade du groupe A ou du groupe B, sans aucune restriction.
Si les scientifiques savent désormais qu'ils peuvent modifier le groupe sanguin d'un rein, il faut encore surveiller comment l'organe réagit au contact d'un sang "normal" au fur et à mesure du temps. Pour l'heure, aucune expérience n'est prévue sur un être humain, l'université anglaise dispose de machines permettant de simuler cette situation.
Les associations de déficients rénaux ont d'ores et déjà exprimé leur joie, auprès de la presse anglo-saxonne. "Les recherches en cours peuvent potentiellement changer la donne", s'est exclamé Aisling McMahon, directeur de la recherche de l'organisation caritative Kidney Research, qui a financé l'étude de l'université de Cambridge. Après les expérimentations en laboratoire, les scientifiques devront aussi déterminer comment appliquer ce "changement de rhésus" dans un cadre hospitalier.