ESPACE - Le Soleil aussi peut avoir ses accès de colère et cela se manifeste par des tempêtes solaires. Or, si notre planète se trouve à proximité pendant ce genre d’événements, les conséquences pourraient être dramatiques.
Déferlant à une vitesse de plusieurs milliers de kilomètres par seconde, les rafales de vents solaires mettent à peine quelques jours pour atteindre notre planète. De quoi alors donner quelques sueurs froides aux astronomes. En atteignant le champ magnétique terrestre, ce phénomène, également à l'origine des aurores boréales, est susceptible d'avoir une incidence sur le bon fonctionnement des réseaux électriques et interrompre les télécommunications, les transports aériens ou tout autre système reposant sur l'électricité. Internet et système GPS compris.
Or, une nouvelle étude de l’université anglaise Warwick nous apprend que ces phénomènes, bien qu'ils soient d'intensités variables, sont de plus en plus fréquents. De fait, en étudiant les relevés de champ magnétique enregistrés à des points opposés de la Terre au cours des 150 dernières années, une équipe de scientifiques a constaté que "les tempêtes magnétiques sévères en provenance du Soleil se sont produites au cours de 42 des 150 dernières années, donc tous les trois ans et demi en moyenne. Des tempêtes extrêmes, quant à elle, ont eu lieu six fois au cours de la même période, soit en moyenne tous les vingt-cinq ans".
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Des phénomènes encore mal connus
A la surface du Soleil, dans ce qu'on appelle la couronne solaire, de gigantesques explosions (ou éjections de masse coronale) projettent des milliards de tonnes de plasma ionisé et de particules électromagnétiques dans l’espace. Les vents solaires chargés des puissantes radiations qui en résultent peuvent alors provoquer des orages géomagnétiques lors de leur entrée en contact avec le champ magnétique terrestre.
Désormais, nous savons que le Soleil a une activité cyclique. Or, en fin de phase active, comme c'est le cas actuellement, ces éruptions deviennent de plus en plus rares mais peuvent néanmoins être puissantes. Cependant, la prochaine période d’activité intense du Soleil n’est pas si lointaine puisqu’elle débutera en 2023, explique l’Agence spatiale européenne (Esa) sur son site internet.
En 2012, notre planète l'avait d'ailleurs échappé belle. Une super-tempête solaire filant à la vitesse de 3.000 km/seconde s'était alors dirigée vers l'orbite terrestre. Heureusement, la Terre n'était pas sur son passage. "Si l'éruption avait eu lieu une semaine plus tôt, la Terre aurait été en première ligne, avait alors indiqué la Nasa dans un communiqué, ajoutant qu'en cas de collision, "elle aurait renvoyer la civilisation contemporaine au XVIIIe siècle". A l’époque, l'Académie américaine des Sciences avait même estimé le coût des dégâts à 2.000 milliards de dollars (soit 20 fois plus que pour l'ouragan Katrina) et des décennies pour tout remettre en état.
Trois ans plus tard, le 4 novembre 2015, une autre tempête solaire avait pour sa part mis hors d'usage tous les radars des grands aéroports du sud de la Suède pendant plusieurs heures, mais sans faire de gros dégâts. Mais la plus grande tempête solaire connue de l'humanité, dite "événement de Carrington", survint en 1859 : le réseau des télégraphes aux Etats-Unis fut détruit, des agents reçurent des décharges, du papier brûla dans les stations. En 1989 au Québec, la modification du champ magnétique de la Terre créa un courant électrique à très grande échelle qui, par effet domino, fit quant à lui disjoncter les circuits électriques, provoquant un gigantesque black-out.
Mieux anticiper ces tempêtes solaires
Jouant le rôle de vigie, l'observatoire spatial Stereo-A de la Nasa surveille en permanence ce type d'événements. Et depuis novembre 2019, un nouveau service de météo spatiale alerte les compagnies aériennes en temps réel sur les risques d'éruptions solaires pouvant perturber les communications à bord des avions. Il s’appuie sur les données recueillies par les centres de météorologie spatiale de dix-sept pays (dont la France).
Des recherches sont également en cours pour tenter d’anticiper les tempêtes solaires qui vont toucher la Terre et mieux se préparer à leur arrivée, comme pour la météo terrestre. Dans cette optique, depuis maintenant un an et demi, la sonde solaire Parker Probe de la Nasa effectue des relevés dans la couronne solaire, d'où partent ces fameuses tempêtes, dans le but de percer leur origine (voir la vidéo ci-dessous).
Lundi prochain, la sonde europano-américaine Solar Orbiter décollera depuis le Kennedy Space Center, en Floride. Le satellite scientifique doit permettre d'obtenir les toutes premières images des régions polaires du Soleil et de mieux comprendre le fonctionnement de notre étoile. L’Agence spatiale européenne prévoit également le lancement en 2025 d’une mission qui doit permettre d’observer un côté du Soleil invisible depuis la Terre, dans le but de repérer les éruptions le plus tôt possible. Le 15 janvier 2020, l'Agence spatiale américaine et le géant du e-commerce Amazon ont indiqué dans une note de blog travailler conjointement à la mise au point d'un système de "machine learning" (en bon français, apprentissage automatique), qui utilisera l'intelligence artificielle (IA) afin de mieux anticiper ces phénomènes.
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