De nos jours, les satellites d'observation jouent un rôle crucial dans les conflits armés.On l'a encore vu récemment lors de l'invasion russe de l'Ukraine.Moscou cherche ainsi à se doter d'une technologie de défense antisatellite, à l'instar du projet "Kalina".
On le sait, le renseignement militaire s’appuie aujourd'hui très largement sur les images collectées depuis le ciel par des satellites. "Si nous perdons la guerre dans l’espace, nous perdrons la guerre tout court", avertissait, en octobre 2018, l'ancien chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général Philippe Lavigne, devant les députés. En orbite autour de la Terre, ces oiseaux aux ailes d’acier fournissent aujourd’hui un flux d'images en haute définition, avec un niveau de détail très élevé. Des données précieuses qui permettent, en particulier, aux états-majors de suivre quasiment en temps réel le déplacement des troupes sur le terrain, mais aussi d'analyser les moyens déployés dans une zone donnée. Ce fût notamment le cas, au début de l'invasion russe en Ukraine, avec les images de l'immense convoi militaire faisant route en direction de Kiev.
"Les forces armées modernes dépendent très largement des satellites, d’où l’intérêt d’avoir la capacité de neutraliser ces derniers afin de gêner l’adversaire en lui retirant sa capacité à écouter et voir depuis l’espace", expliquait, en 2019 auprès LCI, Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Pour neutraliser un satellite ennemi, plusieurs options sont possibles. La première consiste à tirer un missile balistique depuis le sol - plusieurs pays, dont la Russie, en ont déjà fait la démonstration. Autres possibilités : la collision délibérée ou, en douceur, via un brouilleur. Une dernière, enfin, vise à le rendre inopérant par le biais d’une technologie laser.
Comme le rapporte le site The Conversation, la Russie travaille, depuis bientôt dix ans, à la construction d’un nouveau complexe militaire dans le nord du Caucase, où sera installé un système de défense antisatellite ultra-perfectionné. Le projet, initié en 2011 sous le nom de code Kalina, a subi de nombreux retards, "mais de récentes images sur Google Earth montrent qu’il est aujourd’hui bien avancé", affirme Iain Boyd, professeur en sciences de l'ingénierie aérospatiale à l’Université du Colorado à Boulder (États-Unis), qui est l'auteur l'article. Théoriquement, cette technologie militaire sera en mesure "d'aveugler" les systèmes optiques qui équipent les satellites d'observation, dès lors qu’ils survolent le territoire russe.
De quoi couvrir une zone de 100.000 kilomètres carrés
Un double défi technologique : le faisceau de lumière (qui produit les photons) doit être suffisamment puissant pour traverser d'abord l'atmosphère avant d'atteindre la cible et être extrêmement précis pour cibler les capteurs optiques, alors que la plupart des satellites d'observation naviguent autour de la Terre à une altitude comprise entre 500 et 2000 kilomètres. Selon un rapport détaillé du site d'investigation Space News, ce "canon laser" - digne de la guerre des étoiles- utilisera une lumière infrarouge pulsée capable de produire environ 1000 joules par cm/2 (soit 10.000 fois la puissance d'un laser utilisé en chirurgie rétinienne). Un télescope de plusieurs mètres de diamètre permettra de diriger le vaisseau, de quoi couvrir une zone de plus de 100.000 kilomètres carrés.
À ce jour, l'utilisation d'une telle arme n'a jamais été constatée lors d'un conflit. Mais leur avènement, alors que les tensions diplomatiques s’accroissent dans l’espace, ne fait aucun doute. À l’instar du Peresvet, un canon laser monté sur un camion de fabrication russe, qui serait lui opérationnel depuis fin 2019. Selon le professeur Iain Boyd, les niveaux de puissance des lasers vont continuer d'augmenter au cours des prochaines années, si bien qu'il sera possible bientôt d'endommager de manière permanente les capteurs optiques. L’espace, qu’un traité international de 1967 ambitionnait de démilitariser, l’est de moins en moins. Loin des projecteurs et de l’esprit d'auberge espagnole qui règne à bord de la Station spatiale internationale (ISS), une course pour la domination de la basse orbite terrestre est déjà engagée.
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