La nouvelle fusée de la Nasa, qui permettra d'assurer au moins deux missions lunaires, a quitté, jeudi, son site d'assemblage pour rejoindre une rampe de lancement en Floride.La fusée SLS va y subir de nombreux tests avant de pouvoir décoller cet été.
La nouvelle fusée géante de la Nasa fait ses premiers pas. Elle a quitté, jeudi 17 mars en fin de journée, le bâtiment d'assemblage du Centre spatial Kennedy, en Floride, pour rejoindre, portée par un énorme engin à chenilles, le légendaire complexe de tir 39B, situé à un peu plus de six kilomètres de là. La fusée SLS (Space Launch System) doit y subir une batterie de tests qui, s'ils sont concluants, doivent l'amener à s'envoler vers la Lune dès cet été. Alors à quoi ressemble cette fusée ? Combien a-t-elle coûté ? Va-t-elle faire voyager des astronautes ? TF1info fait le tour de la question.
À quoi ressemble cette fusée ?
Avec la capsule Orion attachée à sa pointe, la fusée SLS s'élève à 98 mètres de hauteur, soit plus haut que la statue de la Liberté, mais un peu moins que les 110 mètres de la fusée Saturn V qui avait envoyé l'Homme sur la Lune lors des missions Apollo. Elle est conçue pour être évolutive, ce qui lui permettra d'effectuer des missions humaines vers la Lune et Mars et des missions scientifiques robotiques vers des endroits comme la Lune, Mars, Saturne et Jupiter.
À l'étage principal, qui fait quasiment 65 mètres de haut, la fusée possède quatre moteurs RS-25, chacun de la taille d'une voiture. L'espace renferme aussi des réservoirs et des ordinateurs qui constituent le "cerveau" de la fusée. "SLS, la fusée la plus puissante du monde, peut transporter plus de charge utile dans l'espace lointain que tout autre véhicule", assure la Nasa sur son site.
À quels tests va être soumise la fusée ?
Une fois la zone de lancement atteinte, probablement ce vendredi, les ingénieurs disposeront d'environ deux semaines pour mener une batterie de tests avant une répétition générale de pré-lancement.
Le 3 avril, l'équipe SLS chargera plus de trois millions de litres de carburant cryogénisé dans la fusée et répétera chaque étape du compte à rebours jusqu'aux 10 dernières secondes, sans déclencher les moteurs. La fusée sera ensuite vidangée de son carburant pour faire la démonstration d'un lancement avorté en toute sécurité.
Il y a un an jour pour jour, la Nasa avait annoncé le succès d'un test effectué sur les quatre moteurs RS-25 de la fusée. Ces derniers, alimentés par quelque 2,6 millions de litres de carburant, avaient été allumés durant légèrement plus de huit minutes afin de simuler une phase de lancement. Fin janvier 2021, lors d'un test similaire, les moteurs s'étaient arrêtés bien plus tôt que prévu, après un peu plus d'une minute d'allumage seulement.
Quelle sera la première mission de la fusée SLS ?
La Nasa cible une première fenêtre de lancement en mai pour Artémis 1, une mission lunaire non habitée qui sera la première à combiner la fusée SLS et la capsule Orion. SLS placera d'abord Orion en orbite terrestre basse avant, grâce à son étage supérieur, d'effectuer une "injection trans-lunaire". Cette manœuvre est nécessaire pour envoyer Orion à plus de 450.000 km de la Terre et près de 64.000 km au-delà de la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau spatial habitable.
Lors de sa mission de trois semaines, Orion déploiera dix satellites baptisés CubeSats, de la taille d'une boite à chaussures, qui récolteront des informations sur l'espace profond. La capsule se déplacera vers la face cachée de la Lune grâce à ses propulseurs fournis par l'Agence spatiale européenne (ESA), puis reviendra vers la Terre. Son amerrissage aura lieu dans le Pacifique, au large de la Californie.
La fusée transportera-t-elle des humains sur la Lune ?
Il faudra attendre Artémis 2, prévue en 2024, pour voir un vol d'essai habité. La capsule fera alors le tour de la Lune, sans s'y poser, tandis qu'Artémis 3, désormais prévue au plus tôt pour 2025, emmènera deux astronautes sur la Lune, dont la première femme et la première personne de couleur.
Sept objectifs scientifiques ont été fixés par la Nasa pour cette mission Artémis 3, notamment la compréhension des processus planétaires et l'origine des matières volatiles des pôles de la Lune. Les astronautes n'auront que 6 jours et demi sur la Lune au maximum et chaque minute de leur temps sera comptée.
Combien a coûté et va coûter cette fusée ?
Selon le récent audit sur Artemis de l’inspecteur général de la NASA, Paul Martin, 40 milliards de dollars ont déjà été dépensés pour le programme, alors que la NASA prévoyait "de dépenser 93 milliards de dollars pour l’effort Artemis" jusqu’en 2025. Jusqu'ici, la fusée SLS a coûté le quadruple du coût de développement prévu lors de son annonce en 2011.
La semaine dernière, Paul Martin a, de plus, déclaré au Congrès que son bureau avait calculé le coût des trois premiers vols du SLS à 4,1 milliards de dollars chacun, un prix qu'il a qualifié d'"insoutenable". À une époque où SpaceX et d'autres sociétés construisent des fusées qui peuvent être réutilisées pour plusieurs vols, a-t-il déclaré, "s'appuyer sur un système de fusée à usage unique aussi coûteux va, à notre avis, entraver, voire faire dérailler, la capacité de la NASA à maintenir son long objectif d'exploration humaine à long terme vers la Lune et Mars".
La NASA a rejeté cette critique, affirmant que le système avait fait de réels progrès et que les coûts diminueraient avec le temps. En 2012, peu de temps après l’annonce de SLS, les responsables de la NASA avaient estimé que chaque mission coûterait environ 500 millions de dollars, la fusée visant un lancement en 2017.
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