Sciences spatiales, médecine, russe... Une exigeante formation débute pour Sophie Adenot, astronaute française

par Maëlane LOAËC (avec AFP)
Publié le 3 avril 2023 à 13h31

Source : Le CLUB

La nouvelle recrue de l'Agence spatiale européenne commence sa formation dès ce lundi à Cologne, en Allemagne.
Au sein du Centre européen des astronautes, elle va se préparer pendant plusieurs années à mener des missions spatiales, grâce à des enseignements pointus et exigeants.
Elle pourrait partir vers l'espace dès 2026, mais rien n'est encore garanti.

L'heure de la rentrée des classes a sonné pour la Française Sophie Adenot, membre de la nouvelle promotion de l'Agence spatiale européenne (ESA). Cette pilote d'hélicoptère de 40 ans, sélectionnée parmi cinq nouvelles recrues en novembre dernier, débute ce lundi 3 avril sa formation au sein du Centre européen des astronautes (EAC) à Cologne, en Allemagne. Et elle se dit déjà "dans les starting-blocks pour commencer l’entraînement". Une formation exigeante de plusieurs années, avant de pouvoir enfin partir dans l'espace. "J'ai tellement hâte", "j'ai de l'énergie à revendre", confiait-elle il y a quelques semaines.

"La première des étapes, ça va être de retourner à l’école", s'enthousiasmait déjà sur LCI la future astronaute, juste après sa sélection. "J’ai tout à apprendre de ce nouveau métier. Autant les hélicoptères, je commence à maitriser, mais le spatial, je suis complètement débutante", reconnaissait humblement la lieutenant-colonel de l'Armée de l'air. La formation se découpe en trois ans : un an "d'entraînement de base" puis deux ans d'"entraînement spécifique à la mission", "si une mission spécifique m'a été attribuée", expliquait-elle alors. "Et ce n’est qu’à l’issue de ces trois années de formation que l’on peut espérer partir." 

Sciences spatiales, médecine, apprentissage du russe...

Dans le détail, la première année correspond à une "formation pluridisciplinaire et assez généraliste sur toutes les thématiques qu'on va devoir aborder en tant qu'astronaute", développait la nouvelle recrue le mois dernier, à l'occasion d'une visite à la Cité de l'Espace de Toulouse. Parmi ces enseignements, "apprentissage de la médecine, médecine d'urgence, car il faut pouvoir prodiguer les premiers soins en cas de besoin, comprendre les systèmes spatiaux sur lesquels on va devoir opérer, un peu d'entraînement en piscine, aux procédures de secours, etc", listait-elle.

"C'est assez scolaire : l'emploi du temps ressemble à un emploi du temps de lycéen ou d'étudiant", abondait ce lundi sur franceinfo son prédécesseur et compatriote, l'astronaute français Thomas Pesquet, qui avait pris les commandes de la station spatiale internationale (ISS). Aux "cours théoriques", destinés à "mettre à peu près au même niveau dans les sciences et les techniques du spatial" tous les élèves, s'ajoutent des cours de russe et des activités "au fur et à mesure de plus en plus pratique". Tout au long de cette période, ils s'entraînent notamment "sur les sites de partenaires internationaux", comme celui de la NASA à Houston aux États-Unis, celui de Roscosmos à Star City près de Moscou en Russie, le Centre spatial de Tsukuba de la JAXA près de Tokyo au Japon, et celui de l'Agence spatiale canadienne à Montréal, au Canada, déroule le site de l'ESA.

Au terme de cette première phase, un des cinq astronautes de la formation est sélectionné pour suivre "un entraînement spécifique à la mission", tandis que les autres se partagent plusieurs tâches comme l'"aide à la conception des futures missions d'exploration spatiales", expliquait aussi Sophie Adenot. Elle pourrait donc être l'heureuse élue qui quittera la Terre dès 2026, mais cela n'est pas encore garanti. "Il n’est pas impossible que la prochaine mission pour un Français n’intervienne que bien plus tard", rappelait-elle sur LCI, soulignant que Thomas Pesquet avait attendu sept ans avant de faire son premier vol. "Je vais lui dire d'être patiente", a en effet déclaré ce lundi l'astronaute français, qui va accueillir sa collègue en Allemagne. "Ce n'est pas une attente passive, elle est très active évidemment, mais ça peut être un peu long", expliquait-il.

"Objectif Lune"

Quant aux missions elles-mêmes, les astronautes européens sont préparés à travailler au sein de l'ISS, mais aussi de plus en plus à poursuivre "l'objectif Lune". Didier Schmitt, chef de la Stratégie et de Coordination des Vols habités de l'ESA, indiquait en mars que la formation allait évoluer "dans les prochaines années de façon significative". "On prépare une nouvelle génération d'astronautes qui va complètement dépasser le simple fait d'aller dans une station spatiale orbitale à 400 km et de revenir, là, on va aller à 400.000 km et on va se poser sur la Lune", expliquait-il. Les équipes pourraient aussi un jour mettre le cap sur Mars : "On veut y aller parce que c'est une planète un peu jumelle de la Terre, qu'on peut apprendre beaucoup de choses sur nous-mêmes", souligne Thomas Pesquet. 

À noter aussi que l'entraînement ne prend pas fin une fois que les astronautes ont atteint l'ISS  : ils continuent de se former même depuis l'espace, avec des "séances de remise à niveau", notamment avec des simulateurs à bord et des téléconférences avec leurs formateurs qui sont restés au sol, précise le site de l'ESA. Une fois revenus sur Terre, ils retournent à la phase d'entraînement, avant d'être à nouveau réaffectés à une nouvelle mission.

Outre Sophie Adenot, la nouvelle promotion de l'ESA comprend Rosemary Coogan, une Britannique de 31 ans, et trois hommes : le Suisse Marco Sieber, l'Espagnol Pablo Alvarez Fernandez et le Belge Raphaël Liégeois. Tous viennent rejoindre les sept astronautes européens en service, issus de la promotion 2009, qui comprenait Thomas Pesquet, ainsi que deux Allemands, deux Italiens, un Britannique et un Danois.


Maëlane LOAËC (avec AFP)

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