"StarCrete", un béton extraterrestre ultra-résistant... à base de fécule de pommes de terre

Publié le 24 mars 2023 à 15h46

Source : JT 20h Semaine

La première mission habitée vers la planète Mars pourrait intervenir au cours de la prochaine décennie.
De nombreux défis restent encore à surmonter, notamment pour mettre un toit sur la tête des futurs colons.
Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont peut-être mis la main sur une piste sérieuse, avec un béton à base de fécule de pomme de terre.

Des humains poseront un jour le pied sur Mars. La question, c’est quand ? La Nasa envisage d’envoyer une première mission habitée vers la planète rouge en 2033, un objectif ambitieux au vu des défis qui restent à surmonter. Le voyage durera six mois, pas moins de 54,6 millions de kilomètres séparant la Terre de Mars. Il faudra donc y construire des habitats, une fois sur place, pour mettre un toit sur la tête des astronautes. Reste à savoir comment, sachant que les premiers colons ne trouveront quasiment rien à leur arrivée. 

Deux scientifiques du centre de recherche en biofabrication du futur, au sein de l'université de Manchester (Angleterre), ont peut-être trouvé un début de solution pour répondre à ce dilemme.

Enna Bartlett

Dans un article publié le 13 mars dernier dans la revue Open Engineering, relayée par le site américain Space.com, les deux chercheurs expliquent avoir mis au point en laboratoire un "ciment cosmique", à base d'amidon de pomme de terre et de sel (du chlorure de magnésium, plus exactement), qui peut être extrait des larmes humaines, associés à du régolithe (la fine couche de poussière qui tapisse la surface de la Lune et de Mars) sous forme synthétique, pour les besoins de l'expérience. 

Les astronautes n'ont probablement pas envie de vivre dans des maisons faites de croûtes et d'urine
Aled Roberts, l'auteur principal de ces travaux

"StarCrete" (c’est le nom de ce béton extraterrestre) serait, à les entendre, deux fois plus résistant que le béton conventionnel qu’on utilise ici sur Terre, qui est d'environ 32 mégapascals (MPa). Lors des expérimentations menées en laboratoire, le mélange utilisant du régolithe lunaire simulé avait une résistance de 91 MPa, tandis que celui à base de faux régolithe martien était de 72 MPa. Sauf que la planète rouge n’abrite pas de champ de pomme de terre, en tout cas jusqu’à preuve du contraire. 

Les cultiver sur place prendrait beaucoup trop de temps. Pas d'autre choix, donc, que de les transporter depuis notre planète. Or, pour mener à bien une telle odyssée, le moindre gramme aura son importance, d’où la nécessité d’utiliser autant que possible des ressources in situ. Seuls 25 kg de pommes de terre déshydratées suffiraient pour fabriquer une demi-tonne de StarCrete, de quoi produire jusqu’à deux cents briques, indiquent les chercheurs, dans un communiqué.

Lors de précédents travaux, l'équipe avait expérimenté l’utilisation de sang et d’urine d’origine humaine, à la place de l’amidon de pomme de terre. Le béton issu des essais réalisés à partir de ces fluides corporels affichait lui aussi un niveau de résistance supérieur au béton ordinaire. La piste a néanmoins été abandonnée. "Les astronautes n'ont probablement pas envie de vivre dans des maisons faites de croûtes et d'urine", concède Aled Roberts, l'auteur principal de ces travaux.


Matthieu DELACHARLERY

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