ESPACE - Un vaisseau de SpaceX avec à son bord quatre astronautes s'est arrimée dans la nuit de lundi à mardi à la Station spatiale internationale, une première mission opérationnelle de six mois qui concrétise la reprise des vols habités depuis les États-Unis en mai dernier, après dix ans d'interruption et de dépendance envers la Russie.
Cette fois, il ne s'agit pas d'un vol de démonstration. Une capsule Crew Dragon de SpaceX, propulsée par une fusée Falcon 9 également conçue par la compagnie d’Elon Musk, a quitté la Terre dimanche soir pour rejoindre la Station spatiale internationale (ISS). À son bord, trois astronautes américains et un japonais qui séjourneront à bord du laboratoire orbital pour une mission de six mois.
27 heures de vol plus tard, après un long périple autour de la Terre à la vitesse ahurissante de 27.000 km/h, la capsule Crew Dragon s'est arrimée dans la nuit de lundi à mardi à la Station spatiale internationale. Il s’agit là de la toute première mission opérationnelle du nouvel "autobus spatial" de la Nasa, après le vol de démonstration de mai dernier. Et c'est aussi la première fois qu’un vol régulier est opéré par une société privée, avec à son bord quatre astronautes à la fois. Une petite révolution dans le domaine de l'exploration spatiale.
"Docking sequence is complete." @Astro_Illini , @Astro_Soichi and #AstroKate make statements after a successful docking to the station. https://t.co/yuOTrZ4Jut pic.twitter.com/sOzlZe1Vor — Intl. Space Station (@Space_Station) November 17, 2020
Un taxi de l’espace ultra high-tech
Capable d’embarquer simultanément quatre astronautes et jusqu’à six tonnes de matériel, le vaisseau Crew Dragon de SpaceX n'est pas une capsule spatiale comme les autres. Écrans plats tactiles et joystick ont remplacé les habituelles rangées de boutons, voyants lumineux et autres câbles disgracieux. L’intérieur de cet engin ultra high-tech au design épuré et futuriste n’est pas sans rappeler l’habitacle du célèbre vaisseau Discovery One imaginé par le réalisateur Stanley Kubrick pour le film 2001, l'Odyssée de l'espace. Tout comme la combinaison que porte l’équipage, dont le voyage est retransmis intégralement en direct ou presque grâce à des caméras embarquées.
L'Amérique retrouve son autonomie spatiale
Avec SpaceX, les Américains vont désormais pouvoir retrouver leur autonomie spatiale, après dix ans d'auto-stop à bord des vaisseaux russes Soyouz. Depuis la fin de l’ère des navettes spatiales en 2011, les Etats-Unis dépendent en effet de la Russie pour embarquer leurs astronautes. Roscomos, l'agence spatiale russe, était jusqu'en mai dernier la seule encore en capacité d’emmener des astronautes dans l’espace. Une situation qui n’était pas du goût de Washington, tant pour des raisons géopolitiques qu'économiques. Plusieurs entreprises du pays, dont la société privée SpaceX, avaient été sélectionnées en 2014 par la Nasa en vue justement d’assurer la liaison avec la Station spatiale.
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Une série de 7 missions en seulement 15 mois
Cette mission ouvre une nouvelle ère pour la Nasa et SpaceX, celle d'une collaboration mutuelle amenée à durer. Elle consacre, en tout cas, la compagnie d'Elon Musk comme l'un des prestataires les plus fiables de l'Agence spatiale américaine. Convaincue par la démonstration effectuée de mai à août derniern durant laquelle deux astronautes américains avaient été acheminés vers l'ISS, à bord d'une capsule Crew Dragon, puis ramenés sur Terre sans encombre, la Nasa a donné son feu vert le 10 novembre en accordant une certification au vaisseau de SpaceX. "Dans les 15 prochains mois, nous lancerons sept missions Dragon habitées et cargo pour la Nasa", a fait savoir la semaine dernière le directeur des programmes spatiaux habités de SpaceX, Benji Reed. À partir de décembre, "chaque fois que nous lancerons un Dragon, il y aura deux Dragon dans l'espace en simultané, pour des périodes prolongées", avait-il encore souligné.
Pesquet volera sur une fusée de seconde main
C'est à bord du taxi spatial de l’entreprise spatiale du milliardaire Elon Musk que l'astronaute tricolore Thomas Pesquet regagnera la station spatiale internationale au printemps 2021, dans le cadre de la mission "Alpha". Le Français est actuellement en entrainement à Houston pour se familiariser avec son futur équipage et ce vaisseau dernier cri. Il s'envolera depuis le Centre spatial Kennedy, à Cap Canaveral en Floride (Etats-Unis), et non du cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan) comme la dernière fois.
Pour rappel, le dernier astronaute français à rejoindre l'espace depuis le sol américain était Philippe Perrin, en 2002. Un petit événement en soi. Par ailleurs, la fusée Falcon 9 au sommet de laquelle prendre place Thomas Pesquet sera en partie la même que celle qui s'est élancée dimanche soir depuis la Floride. La technologie mise au point par la compagnie SpaceX permet en effet de réutiliser les propulseurs, en les faisant revenir sur Terre après le décollage.