SCIENCE - En analysant une météorite, des scientifiques américains ont découvert un minerai encore inconnu à l'état naturel sur Terre.
Pendant des décennies, des scientifiques ont tenté de percer son secret. En vain. De la taille d’un citron, ce caillou tombé du ciel aux reflets rouge et noir, pesant quelque 210 grammes, a été repéré en 1951 en Australie dans le nord de Weddenburn, une petite ville isolée qui fut à l'époque l’un des points névralgiques de la Grande ruée vers l’or australienne. Sauf qu’aucune pépite de ce type n’avait été aperçue auparavant dans la région.
Et pour cause, le morceau de métal en question provient vraisemblablement du noyau en fusion d’une ancienne planète qui aurait disparue il y a bien longtemps. En utilisant des technologies de pointe, encore inexistantes à l’époque de sa découverte, une équipe de l’Université américaine California Institute of Technology (Caltech) a repéré la présence d’un minerai qui n’avait encore jamais été rencontré dans la nature jusqu’à présent. Leurs recherches ont été publiées dans la revue scientifique American Mineralogist.
“Scientists have discovered a new mineral, one never before seen in nature, lodged inside a meteorite found near Wedderburn in central Victoria. Edscottite! https://t.co/j8tt9xqRDn — Belinda Barnet (@manjusrii) 31 août 2019
Le minerai inconnu retrouvé à l’intérieur de l’objet a été baptisé "edscottite", du nom du découvreur de l’objet, le cosmologiste Edward Scott. Pour bien comprendre, un minerai est un assemblage d’atomes de formes diverses. Il se distingue par sa structure interne : le diamant, par exemple, est une combinaison d’atomes de carbone, tout comme le graphite qui compose la mine de votre crayon à papier.
A l’intérieur de la météorite de Weddenburn, compressé entre plusieurs couches de minéraux, les scientifiques ont découvert un mince ruban du matériau en question. Au microscope, celui-ci ressemble à de minuscules cristaux blancs. Ils sont constitués d’atomes de fer et de carbone, unis les uns aux autres dans un certain motif au cours d'un processus de cristallisation - c'est-à-dire quand le métal passe de la fusion à l’état solide.
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Comment ce rocher spatial a-t-il pu atterrir sur Terre ?
De l’edscottite a déjà été vu sur Terre, mais uniquement à l’intérieur des fonderies de métaux. Or, pour que les minéraux portent un nom, il faut que nous puissions les trouver à l’état naturel. C'était le cas pour les précédentes analyses réalisées sur notre météorite, celles-ci ayant révélé la présence d’or et de fer, ainsi que des minéraux plus rares tels que la "kamacite", la "schréibersite", la "taénite" ou encore la "troïlite".
Maintenant, une autre question se pose : qu’a-t-il pu arriver à la planète d’où provient cette météorite ? Lorsqu’une planète meurt, celle-ci commence par fondre de l’intérieur. Du métal chaud s’est mis à couler dans les entrailles de l’astre. Ensuite, sous l’effet de la chaleur de la pression, des minéraux, à l’instar de l’edscottite, se sont formés alors que l’objet se refroidissait. L’Histoire de cette planète s’est probablement terminée par une gigantesque collision avec une autre planète ou un astéroïde.
Les restes de l’astre auraient ensuite été éparpillés dans le Système solaire, une grande partie se retrouvant entre Mars et Jupiter, dans ce qu’on nomme la Ceinture d’astéroïdes. La météorite de Wedderburn y a probablement séjourné pendant plusieurs millions d’années, avant qu’une collision fortuite avec un autre objet ne la catapulte en direction de notre planète.