Dans un rapport remis au Congrès américain, la Nasa projette la fin de la station spatiale internationale, vieillissante et coûteuse.L'agence prévoit de la précipiter dans le Pacifique en 2031.D'ici-là, elle s'apprête à entamer une décennie très productive sur cette plateforme.
L'heure de la retraite va bientôt sonner pour la station spatiale internationale (ISS). Après avoir accueilli à son bord plus de 200 astronautes de 19 pays différents depuis l'an 2000, date d'arrivée du premier équipage, l'ISS devrait fermer ses portes en 2031.
Dans un rapport qui vient d’être remis au Congrès américain, la Nasa préconise de la précipiter dans le sud de l’océan Pacifique, au Point Nemo. Nommé d'après le célèbre commandant de sous-marin imaginé par Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers, il s'agit du point dans l'océan le plus éloigné de toute terre émergée. Il s'agit déjà du cimetière de nombreux engins spatiaux, dont la station spatiale soviétique Mir qui y avait fini son odyssée en 2001.
Une sentence sans cesse repoussée
Conçue à l’origine pour une durée de quinze ans, l'ISS devait initialement tirer sa révérence en 2015, avant que sa mort annoncée soit repoussée en 2014. Mais suite aux engagements de Joe Biden, elle doit finalement connaître une troisième décennie d'activité. Fin décembre, le président américain a indiqué sa volonté de prolonger les opérations, et donc son financement, jusqu'à fin 2030 pour poursuivre les recherches qui y sont menées en collaboration, notamment, avec la Russie.
"L'ISS entre maintenant dans sa troisième décennie, qui n'est autre que la plus productive", se réjouit la Nasa dans son rapport. "Cette troisième décennie va permettre à la Nasa de vérifier les technologies d'exploration et de recherche qui doivent permettre de soutenir l'exploration de l'espace. Elle doit aussi permettre de continuer à faire profiter l'humanité des découvertes médicales et environnementales et de jeter les bases d'un avenir commercial en orbite terrestre basse", décrit l'agence spatiale. Elle compte notamment l'utiliser comme "analogue pour une mission de transit vers Mars".
La station poussée vers la Terre par trois cargos russes et un cargo américain
En janvier 2031, après des manœuvres pour abaisser l’altitude de la station, trois cargos russes Progress propulseront les 400 tonnes de l’ISS vers la Terre. "La Nasa et ses partenaires ont évalué différentes quantités de vaisseaux spatiaux russes Progress et déterminé que trois peuvent accomplir la désorbitation", est-il indiqué dans le rapport. Un cargo américain Cygnus prendra ensuite le relais. La station se disloquera alors dans l’atmosphère et les calculs de "désorbitage" seront faits pour que les plus gros fragments, qui ne se désintégreraient pas en vol, tombent à proximité du Point Nemo.
Les plateformes privées, relève de l'ISS
La station laissera ensuite la place à des plateformes spatiales exploitées commercialement. "Le secteur privé est techniquement et financièrement capable de développer et d'exploiter des destinations commerciales en orbite terrestre basse, avec l'aide de la Nasa", assure Phil McAlister, directeur de l'espace commercial au siège de la Nasa dans un communiqué.
"Nous sommes impatients de partager les leçons apprises et notre expérience des opérations avec le secteur privé pour les aider à développer des destinations sûres, fiables et économiques", poursuit-il.
Car économique, l'ISS ne l'est pas. Selon l'Agence spatiale européenne (ESA), les Américains la financent à hauteur de 3,5 milliards d’euros annuels, contre 300 millions pour les Européens. Et tandis que les signes d'usure de la station sont de plus en plus nombreux, la facture risque de gonfler encore.