Mission Artémis 1 : pourquoi la méga-fusée de la Nasa ne peut-elle décoller qu'à une date précise ?

Matthieu DELACHARLERU
Publié le 15 octobre 2022 à 7h07

Source : JT 20h WE

Le prochain lancement de la méga-fusée SLS est prévu dans la matinée du 14 novembre, depuis la Floride aux États-Unis.
Deux dates de repli, les 16 et 19 novembre, ont également été arrêtées par l'agence spatiale, en cas d'un nouveau report.
Pourquoi l’agence spatiale coche-t-elle ces dates plutôt que d’autres sur son calendrier ? TF1info a contacté l’astronome Eric Lagadec pour vous éclairer.

Un baptême de l’air qui se fait attendre. L’Agence spatiale américaine va tenter de faire décoller à nouveau sa méga-fusée vers la Lune. D’ici quelques jours, la nouvelle fusée géante de la Nasa retournera sur le pas tir 39B du centre spatial Kennedy, en Floride. La nouvelle fenêtre de tir a été figée au "14 novembre, à 04H07 GMT" (soit 06h07, heure de Paris), et pour "une durée de 69 minutes", a indiqué la Nasa.

Deux dates de repli, les 16 et 19 novembre, ont également été arrêtées en cas de nouveau report, comme après ceux de fin août puis début septembre, du fait de problèmes techniques. Puis encore, fin septembre, à cause de l'ouragan Ian, qui a dévasté certaines régions de la Floride. Évidemment, ce n’est un hasard si les ingénieurs de la Nasa ont coché ces trois dates sur leur calendrier. Elles sont l’aboutissement de calculs savants qui tiennent compte de la mécanique céleste. 

En effet, "il faut que la Lune et l’endroit d’où décolle la fusée, en l’occurrence la Floride, soit dans la bonne configuration. Il faut aussi tenir compte du fait que la Terre tourne sur elle-même, tandis que la Lune autour d’elle en 27 jours. En fonction des calculs, on définit ce qu’on appelle une fenêtre de lancement, explique auprès de TF1info l’astronome Eric Lagadec. Le but, c’est d’optimiser la trajectoire pour atteindre la Lune, sachant qu’on n’y va pas en ligne droite." Sinon ce serait trop facile. 

Infographie montrant le déroulement de la mission sans équipage Artemis-1, étape par étape.
Infographie montrant le déroulement de la mission sans équipage Artemis-1, étape par étape. - NASA

Après sa mise en orbite, le vaisseau Orion effectuera un tour de la Terre, avant de fournir l’ultime poussée qui le placera sur la trajectoire de la Lune. "En faisant le tour de la Terre, la capsule peut utiliser l’attraction terrestre pour prendre de la vitesse", précise l’astronome breton. Orion – qui embarquera seulement des mannequins - mettra plusieurs jours pour atteindre notre satellite, dont il s’approchera à seulement 100 kilomètres lors de son arrivée. Le vaisseau de la Nasa réalisera un tour et demi de la Lune en un peu plus de deux semaines, avant un retour sur Terre autour du 9 décembre, dans l’éventualité d’un départ à la date du 14 novembre.

Si le voyage vers la Lune est périlleux, celui pour rejoindre Mars, l’est encore plus, souligne Eric Lagadec. "La Terre et Mars tournent ensemble autour du Soleil mais les deux astres ne vont pas à la même vitesse et pas sur la même orbite, Mars étant plus éloignée, explique l'astronome. Il y a des moments où les deux planètes sont très proches - 54 millions de kilomètres, tout de même - et des moments où elles sont à l’opposé de leurs orbites respectives - 401 millions de kilomètres." Pour raccourcir la durée du voyage et surtout limiter la taille de la fusée nécessaire pour un tel périple, il faut donc attendre le bon moment. Et celui-ci n’a lieu que tous les 26 mois. Autant dire qu'il ne faut se louper !


Matthieu DELACHARLERU

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