On en sait plus sur régime alimentaire de Néandertal : de la viande, de la viande, et encore de la viande

Publié le 22 octobre 2022 à 17h37

Source : Sujet TF1 Info

Encore méconnu, le régime alimentaire de l'Homme de de Néandertal se précise.
Une équipe du CNRS s'est penchée sur l'émail dentaire pour effectuer de nouvelles analyses.
Les recherches permettent de conclure que les Néandertaliens se révélaient très largement carnivores.

L'Homme de Néandertal a beau s'être éteint voilà environ 30.000 ans, il continue pourtant de nous livrer certains de ses secrets. Jusqu'à présent, des incertitudes demeuraient quant à son régime alimentaire. Autant de doutes qu'une équipe de chercheurs du CNRS a cherché à lever, et qui éclairent aujourd'hui le mode de vie des Néandertaliens. "Une nouvelle étude parue le 17 octobre 2022 dans la revue PNAS, dirigée par une chercheuse du CNRS, utilise pour la première fois l’analyse des isotopes du zinc pour déterminer la place des Néandertaliens dans la chaîne alimentaire", écrit l'institution. "Les résultats obtenus", apprend-on, "suggèrent qu’ils auraient bien été carnivores." 

L'émail des dents analysé en finesse

Pour affiner des connaissances jusqu'alors parcellaires, les experts ont eu recours à de nouvelles techniques d’analyses, "appliquées sur une molaire d’un individu de cette espèce". Des fragments récupérés en Espagne, issus du site de Gabasa. Le CNRS explique que par le passé, "pour tenter de définir la place d’un individu dans la chaîne alimentaire, les scientifiques devaient généralement extraire les protéines et analyser les isotopes de l’azote présent dans le collagène des ossements". Problème : il s'agit d'une méthode qui s'avère délicate à utiliser sur de très anciens échantillons. L’analyse des isotopes de l’azote se révèle très complexe, voire impossible, faussant toute analyse de potentiels résultats.

Cette fois, ce sont les rapports isotopiques du zinc contenus dans l’émail dentaire qui ont livré leurs secrets. L'émail, en effet, constitue un "minéral résistant à toutes formes de dégradations". Pour faire simple, plus les proportions des isotopes du zinc sont faibles dans les ossements, plus ces derniers sont susceptibles d’appartenir à un carnivore. Les données récoltées sont claires : "le Néandertal à qui appartenait cette dent de Gabasa aurait été carnivore, et ne consommait pas le sang de ses proies". 

D'autres éléments ont été dévoilés au cours de ces recherches. Outre les données isotopiques, l'analyse des os brisés retrouvés sur le site ont apporté leur lot d'éclairages : "cet individu aurait également mangé la moelle osseuse de ses proies, sans pour autant en consommer les os", relate le CNRS. D’autres traceurs chimiques montrent aussi "qu’il a été sevré avant ses deux ans". Les analyses réalisées permettent aux chercheurs d'avancer avec confiance que l'individu étudié serait certainement mort là où il avait vécu étant enfant. 

L'utilisation de techniques novatrices permet désormais de se projeter dans le futur et sur la réalisation de nouvelles études. Les scientifiques souhaiteraient en effet reproduire l’expérience menée sur les restes d’autres individus, provenant de sites différents. Une manière de conforter leurs conclusions. Le site de Payre, en Ardèche, fait partie de ceux ciblés, et de nouvelles recherches y ont débuté. 


Thomas DESZPOT

Tout
TF1 Info