Une barge à queue râpée a effectué un vol de 11 jours sans boire ni manger, entre l’Alaska et l'Australie.Le jeune volatile était équipé d’une balise 5G, ce qui a permis à des scientifiques de suivre son périple.La performance de cet oiseau marathonien a été inscrite le mois dernier au Livre Guinness des records.
Un voyage vertigineux sans escale… de onze jours (et une heure) sans boire ni manger. C’est l’incroyable prouesse réalisée en octobre dernier par une barge à queue barrée (Limosa lapponica, de son nom scientifique), qui décroche le titre "de la plus longue migration ininterrompue d'un oiseau", écrit le livre Guinness des records, dans un communiqué publié le mois dernier. Le jeune volatile étant équipé d’une balise 5G fixée au bas de son dos, les scientifiques ont pu retracer son périple, de l’Alaska jusqu’à la Tasmanie, où l’animal migrait pour y passer l’hiver.
En temps normal, ces oiseaux migrent vers la Nouvelle-Zélande, mais notre marathonien a fait un virage serré à 90 degrés et a atterri sur les rives de la baie d'Ansons, dans l'est de la Tasmanie (Australie). C’est ce virage inattendu qui aurait augmenté la capacité de vol précédemment supposée de l'espèce, indique l'ONG Birdlife Tasmania, cité dans le communiqué du Guinness des records. Au total, le jeune volatile, âgé d’à peine 5 mois au moment de la traversée, a ainsi parcouru la distance phénoménale de 13.560 kilomètres sans poser une patte à terre à une vitesse de croisière de 50 km/h en moyenne, survolant l’océan Pacifique et de nombreuses îles, dont la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu.
Le précédent record avait établi en 2020 par un autre oiseau de son espèce, qui avait lui parcouru une distance de 13.190 kilomètres. Chaque année, des millions d’oiseaux sillonnent le globe en quête de nourriture et d’une météo plus clémente. Pour mener un voyage d’une telle distance, la barge à queue râpée possède des super-pouvoirs en quelque sorte. En effet, elle peut faire grossir son cœur et ses muscles pectoraux en plein vol, afin d'augmenter la quantité d'énergie et d'oxygène. L'animal a aussi la capacité de modifier son métabolisme, en réduisant d’un quart la taille de son tube digestif, un processus biologique connu sous le nom d’autophagie.
Au-delà de l'exploit, ce long voyage n’est pas sans danger et il arrive parfois que l’animal décède au cours du périple. Selon l’ONG Birdlife Tasmania, la jeune barge à queue râpée avait probablement perdu "la moitié ou plus de son poids corporel pendant le vol continu de jour et de nuit". Il arrive également que certains s’échouent en pleine mer. "Si une barge se pose sur l'eau, elle est morte. Elle n'a pas de sangles dans ses pattes, elle n'a aucun moyen de s'échapper. Donc si elle tombe à la surface de l'océan par épuisement, ou si le mauvais temps l'oblige à se poser, c'est la fin", souligne son responsable Eric Woehler, interrogé par le Guinness des records.