INQUIÉTUDE - Une "zone morte" plus grande que l'Ecosse a été découverte par des scientifiques dans le Golfe d'Oman. L'oxygène y étant absent, aucune vie n'y est possible. Elle suscite l'inquiétude.
"La situation est pire que ce qu'on craignait". Des chercheurs tirent la sonnette d’alarme. Dans une étude parue vendredi dans la revue Geophysical Research Letters, des scientifiques annoncent avoir découvert dans le Golfe d’Oman, qui relie la mer d'Arabie au golfe Persique, une "zone morte" plus grande que l'Ecosse où le faible niveau d'oxygène empêche toute vie marine. Comble du cauchemar, cette zone morte continue à s’étendre.
Pour mener leur étude, les équipes des universités d'East Anglia et de Sultan Qaboos d'Oman ont envoyé dans les eaux du golf pendant huit mois des robots sous-marins de la taille d'un humain. Ceux-ci sont capables de plonger jusqu'à 1000 mètres et couvrir des milliers de kilomètres.
Les zones mortes se développent naturellement dans certaines régions marines, entre 200 et 800 mètres de profondeur. Elles sont cependant aggravées par le réchauffement des océans, l'eau plus chaude contenant moins d'oxygène, et par les engrais et les eaux usées qui s'y déversent.
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Combler le manque d'informations
Jusqu'alors, la zone du golfe d'Oman - "la plus grande" au monde - avait, selon les scientifiques, été sous-estimée, notamment par manque d'échantillons. Les modèles climatiques (modélisation mathématique du climat, ndlr) qui y avaient été réalisés ne reflètent pas la situation découverte grâce à l'utilisation des robots, surestimant "les concentrations d'oxygène et sous-estimant probablement la dénitrification (perte en azote)".
En l'absence d'oxygène, le cycle de l'azote, dont se nourrissent les plantes, est en effet modifié : "du protoxyde d'azote, un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2, est produit", explique Bastien Queste, l'un des auteurs de l'étude, dans le communiqué. De plus, jusqu'à maintenant, "personne ne savait à quel point la situation était mauvaise parce que la piraterie et les conflits dans la zone empêchaient de recueillir des données".