Mars : le rover Perseverance a enregistré le son d’une tornade pour la première fois

Julien Moreau avec AFP
Publié le 14 décembre 2022 à 6h51

Source : Sujet TF1 Info

Le rover Perseverance a réussi à enregistrer le son d'un énorme tourbillon de poussière sur Mars.
Les scientifiques vont ainsi pouvoir mieux comprendre le paysage martien.
Cette découverte est importante pour les futures missions d'exploration humaines.

Un petit micro dans le rover Perseverance lui permet d’enregistrer les sons à la surface de Mars. Selon une étude publiée ce mardi 13 décembre, le robot a réussi à enregistrer le son d'un énorme tourbillon de poussière, une grande première qui va permettre de mieux comprendre le climat de la planète rouge.

Comparables aux tourbillons de sable balayant certains déserts terriens, les tourbillons de poussière appelés "vortex convectifs" sont un phénomène météorologique caractéristique de Mars, une planète aride à l'atmosphère très peu dense. Ils se forment lorsqu'il y a une forte différence de température entre le sol et l'air, et croisent souvent le chemin des missions d'exploration robotiques envoyées par les humains. 

Le phénomène des tourbillons de poussière

Le cratère Jezero, où opère le rover Perseverance depuis février 2021, en est truffé, mais le robot de la Nasa n'avait pu jusqu'ici en capter directement le son. Désormais, grâce à l’enregistrement, aux photographies prises par le rover et aux mesures de la pression atmosphérique, les scientifiques travaillant sur ce projet sont capables de mieux comprendre le phénomène de ces "tourbillons de poussière".

Par chance, le 27 septembre dernier, un tourbillon de 118 mètres de haut est passé juste au-dessus de la tête du robot et de son instrument SuperCam, équipé d'un microphone, celui qui avait enregistré le tout premier audio de Mars juste après son atterrissage. Les données sont parvenues sur Terre quelques jours plus tard. "Quand on s'est rendu compte qu'on avait non seulement les images de la caméra, les capteurs météorologiques et la mesure du son in situ, on s'est dit qu'on avait touché le jackpot", a rapporté, à l'AFP Naomi Murdoch, autrice principale de l'étude parue dans Nature Communications.

Étudier la structure de la poussière

"On entend le vent associé au tourbillon, le moment où il arrive, puis plus rien parce qu'on est dans l’œil du vortex, puis de nouveau quand le micro passe dans le deuxième mur", a décrit cette planétologue de l'Isae-Supaéro de Toulouse, où a été conçu le micro. Le "tac tac tac" précis des impacts des grains permet de "compter le nombre de particules" pour pouvoir étudier la structure de la poussière et son comportement. "Sur Mars, le cycle de la poussière à la surface et dans le ciel joue un rôle très important pour le climat, un peu comme le cycle de l'eau sur Terre", a souligné Naomi Murdoch. 

Analyser la poussière permet d'explorer les interactions entre le sol et cette atmosphère extrêmement fine, qui était beaucoup plus dense il y a des milliards d'années, ce qui permettait la présence d'eau liquide à la surface, a relevé Sylvestre Maurice, responsable scientifique de SuperCam qui a participé à l'étude. Les petits tourbillons de poussières ne sont pas un danger pour les rovers puisqu'ils permettent de nettoyer la poussière qui s’accumule sur les panneaux solaires de l’engin.

"On est en train de raffiner notre modèle météo. C'est important pour l'entretien de nos véhicules, et pour les futures missions d'exploration humaines", a rapporté Sylvestre Maurice.

Et la recherche d'une vie extra-terrestre ? "On pourrait penser qu'étudier le climat martien d'aujourd'hui est décorrélé de la quête de traces de vie d'il y a des milliards d'années. Mais c'est un tout, car l'histoire de Mars, c'est celle d'un changement climatique extrême qui l'a fait passer d'une planète humide, chaude à une planète complètement aride et froide", a conclu cet astrophysicien. 


Julien Moreau avec AFP

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