Prix Nobel de chimie, Emmanuelle Charpentier espère apporter "un message très fort" aux jeunes filles

Publié le 7 octobre 2020 à 13h03
Les prix Nobel de chimie 2020 Emmanuelle Charpentier (à gauche) et Jennifer Doudna (à droite) en 2015, recevant le prix Princesse des Asturies de recherche scientifique et technique.

Les prix Nobel de chimie 2020 Emmanuelle Charpentier (à gauche) et Jennifer Doudna (à droite) en 2015, recevant le prix Princesse des Asturies de recherche scientifique et technique.

Source : Miguel RIOPA / AFP

RECOMPENSE - Le prix Nobel de chimie a ce mercredi été attribué à la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer A. Doudna pour leur découverte des "ciseaux génétiques" CRISPR-cas9.

Après le prix Nobel de médecine et le prix Nobel de physique, le prix Nobel de chimie a été attribué ce mercredi 7 octobre. Le duo de généticiennes Emmanuelle Charpentier, française, et Jennifer Doudna, américaine ont été distinguées pour avoir mis au point des "ciseaux moléculaires", baptisés CRISPR-cas9, capables de modifier les gènes humains, une percée révolutionnaire. Cette récompense leur est décernée pour "le développement d'une méthode d'édition des gènes", avec "un outil pour réécrire le code de la vie", a souligné le jury à Stockholm en annonçant la récompense.

La Française, 51 ans, et l'Américaine, 56 ans, deviennent les sixième et septième femmes à remporter un Nobel de chimie depuis 1901. Soulignant la rareté de cette récompense pour une femme, Emmanuelle Charpentier a, en réaction, espéré apporter "un message très fort" aux jeunes filles.

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Des "ciseaux génétiques" au potentiel extraordinaire

Directrice de l'Institut Max-Planck de biologie infectieuse à Berlin, Emmanuelle Charpentier mène depuis plusieurs années des recherches sur les bactéries pathogènes, notamment les streptocoques, et la régulation de l'expression de leurs gènes. Ces travaux l'ont amenée il y a 8 ans, aux côtés de Jennifer Doudna, il y a 8 ans, au développement de ces "ciseaux génétiques", ou, comme elle l'appelle, "boîte à outils de l'ADN"

Quand la thérapie génique consiste à insérer un gène normal dans les cellules qui ont un gène défaillant, comme un cheval de Troie, afin qu'il fasse le travail que ce mauvais gène ne fait pas, CRISPR-cas9 va plus loin. Au lieu d'ajouter un gène nouveau, l'outil modifie un gène existant. Facile d'emploi et peu coûteux, il permet aux scientifiques d'aller couper l'ADN exactement là où ils le veulent.

Cette découverte, cette technologie est aujourd'hui considérée comme l'une des percées les plus importantes en biotechnologie. Les scientifiques la développent désormais dans plusieurs secteurs à l'image de celui de la médecine, de l'agriculture ou encore de la biotechnologie. CRISPR-cas9 pourrait notamment intervenir dans le traitement potentiel de maladies génétiques humaines. Il est d'autre part déjà utilisé dans le développement de nouvelles plantes capables de s'adapter au changement climatique.

La technique est toutefois encore loin d'être infaillible et fait craindre les apprentis-sorciers. Il y a un an, un scientifique chinois a fait scandale en l'utilisant sur des embryons humains au cours d'une fécondation in vitro qui a donné naissance à des jumelles. Il a tenté de créer chez elles une mutation de résistance au VIH, mais les "ciseaux" ont provoqué d'autres mutations par erreur, dont l'effet sur la santé reste inconnu. Il a été condamné à trois ans de prison ferme et 380.000 euros d'amende pour la pratique illégale de la médecine.

Une découverte déjà récompensée de nombreuses fois

Depuis leur découverte, le duo de généticiennes a reçu de nombreuses récompenses dont le prix Jean-Pierre Lecocq de l'Académie des sciences en 2014, le Breakthrough Prize en 2015, le prix scientifique de la Princesse des Asturies la même année, ou encore le prix Kavli pour les nanosciences en Norvège en 2018.

Avant Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, cinq femmes seulement ont remporté le Nobel de chimie depuis 1901 : Marie Curie (1911), sa fille Irène Joliot-Curie (1935), Dorothy Crowfoot Hodgkin (1964), Ada Yonath (2009) et Frances Arnold (2018).


La rédaction de TF1info

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