L'Institut de médecine et de psychologie spatiales (Medes) réalise une étude de l'impesanteur basée sur le modèle de l'alitement.Un appel à candidatures a d'ores et déjà été lancé pour rechercher 12 volontaires pour une campagne qui se déroulera de février à mai 2024.Les heureux sélectionnés seront indemnisés à hauteur de 18.000 euros.
Passer 60 jours allongé, le corps incliné à -6°, pour faire avancer la recherche spatiale... tout en empochant 18.000 euros. Ce petit sacrifice peu confortable pourrait bien attirer les amateurs de sciences et d'espace. Les intéressés pourront alors se tourner vers l'Institut de médecine et de psychologie spatiales (Medes), basé à Toulouse, qui réalise actuellement une étude de simulation de l'impesanteur (phénomène ressenti en l'absence de pesanteur) en utilisant le modèle d'alitement. Nom de code de cette étude réalisée à la demande du Centre national d'études spatiales (Cnes) et de l'Agence spatiale européenne (Esa) : Brace (pour "Bed Rest with Artificial gravity and Cycling Exercise", soit "repos au lit avec gravité artificielle et exercice de cyclisme").
Après une première campagne qui s'est déroulée d'avril à juillet 2023, une seconde campagne aura lieu de février à mai 2024. L'appel à candidatures a été lancé ce mois-ci. Douze volontaires, des hommes âgés de 20 à 45 ans, sont recherchés pour participer à cette grande campagne.
Des sessions de vélo dans une centrifugeuse
L'objectif de l'étude d'alitement Brace est "d'étudier chez des hommes en bonne santé les mécanismes d'adaptation à 60 jours de micropesanteur simulée et d'évaluer les effets de deux moyens de préventions (appelées contre-mesures) sur cette adaptation", précise le site du Medes. Avec cette expérience, l'Institut espère lutter plus efficacement contre les méfaits de la microgravité sur le corps humain, comme la fonte des muscles, la perte osseuse ou encore une répartition différente du sang dans le corps. Pour les contrecarrer, une activité physique régulière est particulièrement recommandée... d'où le choix de la clinique spatiale de miser notamment sur le vélo en position couchée et sur une centrifugeuse en rotation.
Justement, les douze volontaires sélectionnés par le Medes seront aléatoirement répartis dans trois groupes. Dans le premier, tous auront droit à des sessions en centrifugeuse (avec de la gravité artificielle, donc) combinées à des exercices sur un vélo tout en étant allongés. Dans le deuxième groupe, les volontaires effectueront seulement des exercices sur vélo allongés, tandis que le troisième et dernier groupe sera simplement un "groupe contrôle", dans lequel les hommes seront totalement sédentaires et alités.
Mais pourquoi les volontaires devront-ils être couchés inclinés à -6°, soit les pieds placés plus hauts que la tête, 24h/24 ? Comme le précise le Cnes, cette position sert à simuler l'apesanteur en "déconditionnant" les corps : "les effets subis sont les mêmes que si les volontaires se trouvaient dans l'espace : le sang s’accumule vers la tête, et la sédentarité forcée entraîne une perte des masses musculaire et osseuse", précise le Cnes.
Des critères de sélection précis
Si l'expérience d'alitement dure précisément 60 jours, 88 jours sont en fait nécessaires pour la mener à bien pour que les équipes médicales puissent réaliser des examens médicaux et d'autres mesures pour le bon déroulé de l'expérience. Pour postuler, quels sont les critères auxquels les heureux élus devront correspondre ? Voici le profil type : un homme âgé de 20 à 45 ans, en parfaite santé, non-fumeur, dont l'indice de masse corporelle se situe entre 20 et 27 kg/m², qui mesure entre 1,58 m et 1,90 m, en excellente forme physique et qui pratique une activité sportive régulière, et qui n'a enfin aucune allergie, ni de restriction alimentaire.
Si vous correspondez à ces critères, vous pourrez envoyer un mail à etudes.cliniques@medes.fr en précisant votre nom et prénom, vos coordonnées, votre ville de résidence, votre âge et vos motivations. Les volontaires choisis auront droit à 18.000 euros d'indemnisation, dont le versement sera étalé sur 4 ans, comme le requiert la loi.