Vers l'Internet spatial : les 1ers satellites de la startup OneWeb sont en orbite

Publié le 28 février 2019 à 9h08, mis à jour le 12 mars 2019 à 16h47
Vers l'Internet spatial : les 1ers satellites de la startup OneWeb sont en orbite
Source : ONEWEB

RÉVOLUTION - Six mini-satellites expérimentaux ont été placés en orbite à 1.000 kilomètres d’altitude dans la nuit de mercredi à jeudi. L’objectif : tester une technologie capable de fournir une connexion internet à très haut débit partout dans le monde. Le projet, encore embryonnaire, pourrait être mis en service avant 2021.

C’est sans doute un tournant majeur pour l’Internet mondial. Ce mercredi 27 février, un lanceur Soyouz tiré par Arianespace a quitté la Terre depuis le Centre spatial européen de Kourou, en Guyane. A son bord, six mini-satellites expérimentaux conçus dans les laboratoires d’Airbus, à Toulouse, pour le compte de l'entreprise américaine OneWeb. Ce lancement pas comme les autres pourrait en effet marquer une étape importante dans l’avènement de l’internet spatial à grande échelle, et des services par satellite plus globalement. 

Les six engins de 150 kg chacun ont été placés dans la foulée en orbite à 1.000 kilomètres au-dessus du plancher des vaches. Il s'agit du premier jalon d’un projet ambitieux visant à donner accès à Internet depuis l’espace à des milliards de personnes vivant dans les régions les plus reculées ou les plus pauvres du monde. Selon un rapport de la Banque mondiale datant de 2016, quelque 4,2 milliards de personnes ne disposent pas d'accès à Internet dans le monde. Pour remédier à ce problème et de fait mettre fin aux "zones blanches", en proposant une connexion haut débit à un prix abordable, OneWeb prévoit ainsi de déployer une constellation de 648 satellites d’ici à 2021. 

C’est révolutionnaire dans un secteur où la construction d’un satellite coûte 50 millions de dollars.
Tony Gingiss, directeur général de OneWeb.

L’entrepreneur Greg Wyler, le fondateur de OneWeb Satellite, prévoit notamment un lancement groupé de 30 satellites chaque mois à partir de septembre, de sorte à ce que sa constellation soit achevée à près de 25% d’ici la fin de l’année, a déclaré une source anonyme partie prenante du projet, citée par le New York Times. Pour mener à bien ce projet, l’entreprise américaine a réussi à collecter plus de 875 millions d’euros auprès de son partenaire Airbus et d'investisseurs tels que Coca-Cola, Qualcomm, Virgin group, la société du milliardaire britannique Richard Branson ou encore du groupe japonais Softbank. 

Pour parvenir à ses fins, OneWeb veut ouvrir en mars prochain au Centre spatial Kennedy, en Floride (Etats-Unis), ce qu'elle dit être la première usine au monde de production en série de satellites. La fabrication atteindra quinze appareils par semaine pour un coût de 1 million de dollars par engin. "C’est révolutionnaire dans un secteur où la construction d’un satellite coûte 50 millions de dollars et nécessite normalement des mois et une équipe d’ingénieurs", affirme le directeur général de OneWeb, Tony Gingiss.

Le projet de OneWeb représente donc un changement radical de paradigme dans la manière de construire des satellites, mais aussi de connecter les gens entre eux. Dans les années 1980, les satellites supportaient la majorité des communications de l'ancêtre d'Internet. Mais l’arrivée de la fibre optique a fait migrer le trafic vers les câbles terrestres et sous-marins. Le succès d’Internet n’aurait ainsi pas été possible sans le vaste réseau de câbles sous-marins qui étendent leur empire au fond des océans, sur plus d’un million de kilomètres, y véhiculant 95 % du trafic intercontinental de données. Reste que ces investissements sont beaucoup plus coûteux que le programme OneWeb.

Couverture mobile et Internet : se dirige-t-on vers la fin des zones blanches ?Source : JT 20h WE

Où en est Starlink, le projet concurrent de SpaceX ?

OneWeb n’est cependant pas la seule société à vouloir bâtir un internet spatial. En novembre dernier, la compagnie spatiale d’Elon Musk a également été autorisée par les autorités fédérales américaines (FCC) à placer en orbite terrestre une constellation de 11.943 satellites destinés à fournir une connexion internet à très haut débit sur Terre dans les années 2020. A titre de comparaison, depuis Spoutnik en 1957, un peu plus de 8.000 objets ont été lancés dans l'espace par l'humanité, selon le Bureau des affaires spatiales de l'Onu. Les Nations unies en comptent 4.880 encore en orbite. Mais selon le registre de l'armée américaine, moins de 2.000 seraient actifs.

La constellation de SpaceX, baptisée Starlink, multiplierait donc de plusieurs fois, à elle seule, le nombre de satellites autour de la Terre, sans compter les projets concurrents d'autres sociétés américaines : Kepler (140 satellites), Telesat (300 satellites), et LeoSat (78 satellites). "Nous voulons créer un système mondial de télécommunications qui sera plus grand que tout ce qui a été imaginé jusqu’à présent", avait déclarait Elon Musk en 2015, rappelant que "la vitesse de lumière est 40% plus rapide dans le vide spatial que dans la fibre". De quoi donner des ailes à notre bon vieux Internet.


Matthieu DELACHARLERY

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