Des chercheurs américains ont développé une technologie capable de traduire en texte l'activité cérébrale d'une personne.Une intelligence artificielle qui pourrait, à terme, aider des patients qui ne sont plus capables de communiquer.
C'est une nouvelle avancée majeure dans le domaine de la médecine. Des scientifiques américains ont mis au point un système d'intelligence artificielle capable de convertir l'activité cérébrale d'une personne en un flux de texte. Connue sous le nom de "décodeur sémantique", cette technologie révolutionnaire – qui a l’immense avantage de ne pas être invasive – pourrait à terme profiter à des patients qui ont perdu l’usage de la parole, selon une équipe de chercheurs de l’Université du Texas à Austin (États-Unis), dont les travaux viennent de paraître dans la revue Nature Neuroscience.
Dans le cadre de cette expérimentation, les scientifiques ont conçu une IA dite générative, via un modèle d’apprentissage automatique semblable à celui qu’utilise l’entreprise californienne OpenAI pour "éduquer" le robot conversationnel ChatGPT. Pour cela, les participants à l’étude ont dû écouter pendant plusieurs heures des contenus audios alors qu’ils avaient été placés dans un scanner d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), une machine qui permet de mesurer l’activité du cerveau.
À l’issue de son entraînement, le système d’IA était en mesure de générer un flux de texte lorsqu’un cobaye écoutait ou imaginait une nouvelle histoire. Le texte n’était néanmoins pas une transcription exacte, expliquent ses concepteurs, qui disent l’avoir fabriqué dans l'intention de capturer des pensées ou des idées générales. Dans le compte-rendu de l’étude, les chercheurs indiquent que leur "décodeur sémantique" a été en mesure de produire un texte qui correspond étroitement ou précisément au sens voulu par le participant environ la moitié du temps.
Au cours de l'expérience, par exemple, lorsqu'un participant a entendu les mots "Je n'ai pas encore mon permis de conduire", la machine a traduit ses pensées en écrivant : "elle n'a même pas encore commencé à apprendre à conduire". De même, en écoutant les mots : "Je ne savais pas si je devais crier, pleurer ou m'enfuir. Au lieu de cela, j'ai dit : 'Laissez-moi tranquille !'" a été traduit par : "J'ai commencé à crier et à pleurer, puis elle a dit : 'Je t'avais dit de me laisser tranquille'".
Le système a surtout l'avantage de ne nécessiter aucun implant chirurgical, ce qui le rend d’autant plus prometteur. "Pour une méthode non invasive, il s'agit d'un véritable bond en avant par rapport à ce qui a été fait jusqu'à présent, à savoir des mots isolés ou des phrases courtes", se félicite Alexander Huth, l'un des responsables de l'étude, dans un communiqué de presse. "Nous obtenons un modèle capable de décoder un langage continu pendant de longues périodes avec des pensées complexes", souligne-t-il.
Au cours de l’expérimentation, les chercheurs ont également demandé aux participants de regarder quatre vidéos, sans son, pendant qu'ils étaient dans le scanner. Le système d'IA a été capable de décrire avec précision "certains événements" qui étaient présents dans chacune des séquences. À ce jour, le "décodeur sémantique" ne peut pas être utilisé en dehors d'un laboratoire, car il repose sur le contraignant scanner IRMf. Mais les chercheurs pensent qu'il pourrait éventuellement être utilisé avec des systèmes d'imagerie cérébrale via un dispositif portatif.
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