HAUTE VOLTIGE - La sonde japonaise Hayabusa-2 a réussi à se poser vendredi sur Ryugu, un lointain astéroïde situé à plus de 340 millions de kilomètres de la Terre. Un contact furtif qui a apparemment permis de collecter des poussières du sol de ce corps interstellaire susceptible de nous renseigner sur la formation de notre Système solaire.
Tel un colibri en train de . La nuit dernière, à quelque 340 millions de kilomètres de la Terre, le vaisseau spatial japonais Hayabusa-2 a effleuré délicatement l’astéroïde Ryugu du bout du doigt pour y prélever quelques grammes de poussières interstellaires, qu’il ramènera ensuite sur Terre. Jeudi dans la matinée, l’engin s’est positionné à 20 kilomètres de ce vestige de la formation du Système solaire, puis a commencé sa lente approche vers celui-ci, à une vitesse de croisière de 1,5 km/h. Impossible pour la sonde, qui ne possède pas de train d’atterrissage, de se poser à la surface de ce rocher spatial.
A 0h08 (heure de Paris), Hayabusa-2 a effectué avec succès la phase la plus périlleuse de son opération. Une manœuvre que les responsables de la mission nomment un "touch and go" (posé-décollé, en français). Le tout en pilotage automatique. En raison de la distance avec la Terre, l'engin ne peut pas être piloté en direct depuis la Terre. Pour corser la difficulté, le site d’atterrissage était minuscule : une zone de 6 m de large entourée de petits rochers, qui auraient endommagé la sonde si elle les avait frôlés au passage.
En schématisant grossièrement : à 45 mètres d’altitude, la sonde a pointé son appendice, une sorte de grosse "trompe" en acier de 70 centimètres de long, en direction du sol. Juste avant de toucher le surface, un projectile (une balle en tantale) a été tiré. En frappant la surface de l'astre, celui-ci a éjecté de la matière, qui a été ensuite récupérée dans un récipient prévu à cet effet. Hayabusa-2 a pu rester en suspension en raison de la très faible gravité de Ryugu, dont le diamètre est de 900 mètres. Puis, tel un colibri, la sonde est repartie vers le haut chargé du nectar stellaire. L'opération a duré cinq secondes, a indiqué l'Agence d'exploration spatiale japonaise (Jaxa).
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Hayabusa-2 "est revenue comme programmé à sa position orbitale autour de Ryugu et a envoyé de premières indications qui montrent que le contact avec l'astéroïde a bien eu lieu", s’est réjoui l’un des responsables de la mission depuis le centre de contrôle de la Jaxa. Des photos de la surface de Ryugu prises par la sonde confirment des traces du bref contact entre les deux. Il faudra plusieurs jours pour acquérir la certitude absolue que les échantillons de sol ont bien été collectés, "mais la probabilité est élevée". Le but ultime de la mission est de contribuer à enrichir les connaissances de notre environnement spatial pour mieux appréhender l'apparition de la vie sur Terre.
Une dernière mission avant le retour
L'agence spatiale japonaise n'en est pas à son coup d'essai. En 2005, la première mission du même type, Hayabusa, vers l'astéroïde Itokawa, avait permis de collecter moins d’un milligramme de poussières interstellaires. Pour celle de 2019, les scientifiques espèrent une centaine de milligrammes, qui reviendront sur Terre en décembre 2020 pour y être analysés.Avant de reprendre la route en direction de la Terre, Hayabusa-2 doit encore procéder à une dernière expérience. D'ici quelques semaines, elle va larguer un projectile de 2 kg qui est censé percuter Ryugu à la vitesse de 7.200 kilomètres. L'objectif : former un cratère à la surface de l’astéroïde. Elle ira ensuite y prélever des échantillons pour permettre de connaître la composition de la sous-surface. Après cette ultime manœuvre, la sonde japonaise pourra enfin rentrer au bercail.