Commander un robot-taxi pour se rendre au travail, ce n'est plus de la science-fiction en Chine

M.D.
Publié le 24 février 2021 à 18h35, mis à jour le 24 février 2021 à 18h43

Source : JT 20h Semaine

INNOVATION - En Chine, des flottes de véhicules autonomes circulent déjà dans les rues embouteillées de plusieurs grandes villes. Si la technologie n'est pas encore tout à fait au point, elle permet déjà à des clients-cobayes de s'offrir un avant-goût du futur.

À Canton, dans le sud de la Chine, ils sont de plus en plus nombreux à prendre place sans crainte à l'arrière de taxis sans chauffeur, commandés à l’aide d’une application pour smartphone. L’occasion pour ces férus d’innovation ou simples curieux de s’offrir un avant-goût du futur. 

Actuellement, plus d’une centaine de robots-taxis circulent déjà dans les rues embouteillées de la capitale de la province du Guangdong. Seule contrainte pour les utilisateurs, le trajet désiré doit pour l'instant se cantonner à l'intérieur d'un périmètre bien défini, une zone de 150 kilomètres carrés.

Daikui se rend chaque matin au travail à bord de l’un de ces bolides. "Je viens de commander mon taxi-robot. Il arrive dans une dizaine de secondes", annonce-t-il, avec un naturel déconcertant. Le prix est le même que pour une course classique. Signe du côté encore expérimental du service : un employé occupe le siège conducteur, prêt à s'emparer du volant en cas d'imprévu. Daikui, lui, n’y voit que des avantages. Il dit même se sentir plus en sécurité que dans un taxi traditionnel. "Certains chauffeurs vous font faire des détours ou grillent des feux de circulation. Et leur conduite laisse parfois à désirer", explique-t-il. 

Un humain prend le volant la première fois et ensuite la voiture apprend par elle-même. C’est exactement la même chose que pour un enfant
Zhanjian Hengyin, ingénieur au sein de la société WeRide

Comme lui, plus de 60.000 clients-cobayes ont déjà effectué un trajet à bord de l’un de ses taxis sans chauffeur. Des citadines roulant à l'électrique qui en apparence n'ont rien de futuriste. Ce sont pourtant de véritables petits bijoux de technologie. Pour se déplacer, une caméra perchée sur le toit du véhicule scanne en temps réel son environnement à 360 degrés, de manière à repérer les autres voitures mais aussi piétons et cyclistes. À l’avant, deux autres caméras sont chargées quant à elles de détecter d’éventuels accidents. Le tout est contrôlé grâce à une technologie d’intelligence artificielle, un gros ordinateur installé à l'arrière dans le coffre.

 "Un humain prend le volant la première fois et ensuite la voiture apprend par elle-même grâce à l'intelligence artificielle. C’est exactement la même chose que pour un enfant. Il est d'abord éduqué par ses parents et ensuite il devient autonome", explique Zhanjian Hengyin, ingénieur au sein de la société WeRide, une startup chinoise qui a lancé sa propre flotte de véhicules autonomes. Cette dernière s'est lancée il y a trois ans, mais elle n’est pas la seule à rêver d’un monde sans chauffeur. Plusieurs entreprises, de DiDi Chuxing (le "Uber chinois) à Baidu (propriétaire du moteur de recherche le plus populaire de Chine), en passant par AutoX (soutenu par le géant du commerce en ligne Alibaba), misent aujourd'hui sur ce marché d'avenir, profitant des subventions de l'État chinois. 

Objectif : favoriser la mobilité partagée

En Chine comme dans le reste du monde, plus de 90% des accidents de la route sont dus à l'erreur humaine. Les fabricants comptent bien y remédier. "Les conditions de circulation en Chine sont trente fois plus compliquées que dans d'autres pays. Si une voiture autonome peut conduire ici, elle peut conduire dans beaucoup d'autres pays", estime Jinyan Ou, responsable de la communication de WeRide. 

L'entreprise l'assure, aucun accident n'a été signalé jusqu'à présent. Le pays n'a pas encore établi de législation, mais se donne un objectif ambitieux : favoriser la mobilité partagée en remplaçant les véhicules de particuliers par des robots-taxis à l'horizon 2030.


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