INNOVATION - Réconcilier progrès et respect de l'environnement, c'est l'ambition du biomimétisme. Une démarche qui s'inspire de la nature pour développer les solutions de demain. A l'occasion de la Fête de la Science, qui se tient du 2 au 11 octobre partout en France, LCI vous présente quatre innovations directement inspirées du vivant.
Pionnier de la bio-inspiration, Léonard de Vinci considérait la nature comme un laboratoire de recherches. "Scrute la nature, c’est là qu’est ton futur", lançait il y a 500 ans le génial inventeur à l’un de ses étudiants. En s’inspirant de Dame nature, une discipline connue dorénavant sous le nom de biomimétisme, chercheurs et industriels tentent aujourd’hui de réconcilier progrès et respect de l’environnement.
A l’occasion de la Fête de la Science, qui se tient du 2 au 11 octobre partout en France, nous vous emmenons à la rencontre de ces scientifiques qui inventent les technologies de demain en puisant des idées dans la faune et la flore qui nous entourent.
Lire aussi
La soie d'araignée est cinq fois plus résistante que l'acier : le mystère enfin résolu
Lire aussi
Grâce à ce robot-pigeon, les drones de demain voleront comme des oiseaux
Chercheur à l’université de Jussieu à Paris, Serge Berthier a ainsi consacré sa vie à l’observation du Morpho d’Amazonie, l’un des plus grands papillons au monde. Ce qui intrigue le scientifique, c'est la capacité de l’animal, par le biais de ses ailes bleutées, à auto-réguler sa température. "C’est le rêve de tout ingénieur qui essaie de fabriquer un capteur solaire", s’enthousiasme-t-il.
"Dès que le papillon a trop chaud, l’aile se met à rayonner de l’infrarouge, c’est-à-dire qu’elle émet de l’énergie. Et donc le corps du papillon refroidit. Une fois qu’il atteint la bonne température, le phénomène s’arrête de lui-même." Les industriels pourraient en tirer des applications directes pour optimiser la capacité énergétique des panneaux solaires, par exemple.
Du caméléon aux applications en robotique
Au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, une vingtaine de projets scientifiques sont en cours pour résoudre les mystères du vivant. Entre ces murs, un catalogue de 68 millions de modèles biologiques est à disposition des scientifiques. Dans l’un des laboratoires, Stormy, un caméléon âgé de 1 an, participe justement à une expérience. Des caméras à rayon X filment l’animal en train de jouer les équilibristes sur une tige d’aluminium. Anthony Herrel, chercheur au Muséum, scrute le mouvement au ralenti sur un écran.
Projeter une langue près de deux fois plus longue que sa propre taille en 1/25e de seconde, saisir fermement une proie qui peut atteindre le tiers de sa propre masse et la ramener dans sa bouche en l'espace d'une demi-seconde : telle est la prouesse du caméléon. Et c'est justement ce qui intéresse notre scientifique. "La langue du caméléon mêle à la fois rapidité, précision et force. Il y a des applications dans le domaine de la robotique qui sont très intéressantes", soutient Anthony Herrel. Par exemple, pour attraper ou manipuler des objets.
Un chauffage inspiré du bec du toucan
Développer des applications utiles à l’Homme en s’inspirant du monde du vivant, c’est aussi le pari de la startup BigBang Project, qui mêle sciences et design.
Prenez un bec de toucan capable de stocker de l’énergie, associez-le à la structure d'un coquillage qui économise la chaleur, et vous obtenez une bouilloire expérimentale. "L’objectif n’est pas de vendre cette bouilloire. C’est un modèle de développement que nous allons décliner à d’autres échelles, pour fabriquer un ballon d’eau chaude, un chauffage pour un habitat, un immeuble ou bien un quartier", explique Guillian Graves, son fondateur.
Après plusieurs années de recherches, l’entreprise de biotech Tissium, qui vient de lever 60 millions d’euros, s'apprête de son côté à commercialiser une colle chirurgicale efficace en milieu humide. Réparer une plaie ou une perte de substance au niveau de la peau ou d’un organe profond comme le cœur ou le tube digestif sans la moindre suture, voilà à quoi pourrait servir à l'avenir cette solution innovante. Pour cela, la jeune pousse s'est inspirée d’un ver marin qui s’accroche aux rochers. "Les observations que nous avons pu faire se traduisent aujourd'hui dans un vrai produit qu’on a pu développer", se félicite Christophe Bancel, directeur de Tissium.