Les plantes de la forêt amazoniennes sont utilisées par les habitants pour se soigner depuis des centaines d'années.En Guyane, les scientifiques en sont convaincus : l'Amazonie et sa biodiversité ont beaucoup à nous apprendre.Le 13H de TF1 est parti à la découverte de cette pharmacie à ciel ouvert.
De nouveaux médicaments grâce à la forêt amazonienne ? C'est le pari de certains scientifiques en Guyane. L'équipe de TF1 s'est rendu à Antecume-Pata, un petit village amérindien au cœur de la forêt guyanaise. Là-bas, l'hôpital le plus proche est à deux heures de pirogue. Pour se soigner, une partie des autochtones se tourne vers la forêt comme le faisaient leurs ancêtres.
"L'arbre, c'est un médicament, il y a tout dans la forêt. Il faut juste les connaître. Par exemple, si on a mal aux oreilles, on va mettre un jus de plantes à l'intérieur. Et ça va les guérir", raconte un habitant dans le reportage en tête de l'article. Certains remèdes amérindiens sont des placebos, alors que d'autres sont efficaces, car ils reposent sur des principes actifs prouvés par la science.
De nouvelles espèces découvertes chaque année
Pour ne pas perdre tout le savoir ancestral des amérindiens, les botanistes ont répertorié des plantes médicinales dans l'herbier de Guyane. Chaque année, entre cinq et dix espèces sont découvertes grâce à des missions d'exploration, aux fins fonds de la forêt primaire. "Nous allons dans des zones qui étaient très peu prospectés, et nous faisons des inventaires systématiques. Grâce aux collectes, on découvre des espèces qui sont beaucoup plus discrètes, moins abondantes. Il reste encore beaucoup de choses à découvrir", analyse une botaniste.
Plusieurs de ces plantes sont testées en laboratoire pour en extraire des principes actifs. À l'Institut Pasteur de Guyane, Émeline a identifié dans une sciure d'arbre tropical, un puissant anti-moustique. "La découverte de cette activité insecticide est le fruit de trois ans de travail. Dans le cadre de ce projet, nous avons testé à peu près 85 espèces de plantes. Cela a représenté plusieurs centaines d'extraits qui ont été testés sur des larves de moustiques", explique la chercheuse.
En Guyane, les moustiques véhiculent la fièvre jaune ou encore la dengue. Tuer les moustiques à l'état de larve est donc un enjeu de santé publique. L'insecticide d'Émeline est redoutable dans les lieux de reproduction des moustiques, c'est-à-dire, dans les eaux stagnantes.
Entre la découverte et la commercialisation d'une nouvelle molécule, il faut compter entre dix à quinze ans. "L'idée, c'est de trouver un produit actif et facile d'utilisation. Mais, il faut aussi s'assurer que ce produit est sûr pour l'utilisateur, et qu'il n'est pas néfaste pour la faune et la flore environnante puisque c'est quelque chose qu'on va utiliser dans son jardin", explique la scientifique.
Un insecticide, mais aussi des médicaments, des compléments alimentaires, ou encore des cosmétiques, les applications des molécules d'Amazonie sont multiples. La jungle est un eldorado pour les scientifiques, un laboratoire à ciel ouvert, qui n'a pas encore révélé tous ses secrets.