Le caractère de votre chien déterminé par sa race ? Une étude va à rebrousse-poil des clichés

M.D. | Reportage TF1 Matthieu Perrot, Henri-Paul Amar
Publié le 3 mai 2022 à 15h43, mis à jour le 27 juin 2022 à 12h07

Source : JT 13h Semaine

Les chiens naissent-ils plus agressifs ou gentils selon leur race ?
Une vaste étude bat en brèche les stéréotypes canins.

C'est bien connu, les chihuahuas sont hargneux, les pitbulls et les rottweilers agressifs, tandis que les labradors sont affectueux. Sauf que non. Si de nombreux traits de caractère peuvent bien être hérités, la race ne permet de prédire que partiellement la plupart des comportements. "La génétique joue un rôle dans la personnalité de tout chien individuellement, mais la race ne permet pas de prédire ces traits efficacement", affirme la chercheuse Elinor Karlsson, co-auteure d'une étude dont les résultats sont parus la semaine dernière dans la prestigieuse revue Science. "Ce que nous avons démontré, c'est que les critères définissant un golden retriever sont ses caractéristiques physiques : la forme de ses oreilles, la couleur et la qualité de son pelage, sa taille. Mais pas s'il est affectueux", explique la chercheuse.

Autrement dit, ce serait donc surtout une histoire d'éducation. "Je connais des petits chiens qui grognent quand le propriétaire veut s'assoir sur le canapé. Il faut bien les éduquer, même s'ils sont petits et en apparence tout mignons", explique le Dr Ariane Silder, vétérinaire à la clinique du centre hospitalier Massila à Marseille, dans la vidéo de TF1 en tête de cet article. Avant les années 1800, les chiens étaient d'abord sélectionnés pour leur rôle dans la chasse, pour garder la maison ou les troupeaux. Mais le concept "de race canine moderne, mettant l'accent sur des idéaux physiques et la pureté de la lignée, est une invention victorienne", souligne l'étude. Les chiens au sein d'une race peuvent avoir des comportements différents, certains ayant hérité des variations génétiques de leurs ancêtres, et d'autres non.

Quid de l'adage : tel maître, tel chien ?

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont séquencé l'ADN de 2155 chiens de race ou croisés, afin de trouver des variations génétiques communes qui pourraient permettre de prédire leur comportement. Ils ont combiné ces résultats avec les réponses à des questions posées à 18.385 propriétaires de chien. Les stéréotypes susceptibles d'affecter les réponses ont été pris en compte. Les scientifiques ont établi des définitions fixes pour certains comportements, comme l'obéissance, la sociabilité, ou encore l'intérêt pour les jouets. Les traits physiques ont également été étudiés. Et ils ont finalement identifié 11 endroits du génome associés à des différences comportementales, dont l'obéissance, la capacité à rapporter un objet ou encore les hurlements.

Dans ces cas-là, la race joue bien un certain rôle : les beagles et les limiers ont ainsi tendance à davantage hurler, les border collies sont obéissants, bien davantage que les shiba inus. Mais l'étude a malgré tout montré qu'il existait à chaque fois des exceptions. Ainsi, même si les labradors étaient ceux ayant le moins tendance à hurler, 8% d'entre eux le faisaient quand même. Et si 90% des lévriers n'enterraient pas leur jouet, 3% le faisaient fréquemment. L'environnement dans lequel évolue le chien est tout aussi déterminant. Et comme pour les humains, tout est loin d'être inné dans le développement de leur personnalité. De quoi expliquer l'adage tel maître, tel chien ?

En observant les réponses portant sur les possibles réactions agressives des chiens, "nous n'avons vu aucun effet de la race", souligne Elinor Karlsson. Au total, selon ses travaux, la race n'explique que 9% des variations comportementales. L'âge permet ainsi de mieux prédire certains traits, comme le fait de s'amuser avec un jouet.  Les traits physiques peuvent, en revanche, être cinq fois mieux prédits par la race que le comportement. 


M.D. | Reportage TF1 Matthieu Perrot, Henri-Paul Amar

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