Le prototype de Starship, la fusée de SpaceX qui ira sur Mars, a volé... avant de s'écraser

Matthieu DELACHARLERY (avec AFP)
Publié le 10 décembre 2020 à 8h29, mis à jour le 10 décembre 2020 à 11h30
L'engin a effectué un vol de moins d'une minute avant de redescendre, et s'est écraser brutalement au sol.
L'engin a effectué un vol de moins d'une minute avant de redescendre, et s'est écraser brutalement au sol. - Source : Handout / SPACEX / AFP

EXPLORATION SPATIALE - Un prototype de la fusée Starship, avec laquelle la société SpaceX veut coloniser la planète Mars, a effectué avec succès son test de décollage à 12.500 mètres d’altitude, en moins d’une minute, depuis un site de lancement dans le sud du Texas.

Petit bond par petit bond, SpaceX échafaude son futur vaisseau Starship, appelé à devenir dans un futur pas si lointain la fusée de choix de SpaceX pour aller coloniser la planète rouge. Mais le chemin avant d'y parvenir est long et ardu. La nuit dernière, un prototype de la fusée géante de SpaceX s'est bien envolé lors d'un vol d'essai en haute altitude depuis la côte du Texas, mais l'atterrissage fut pour le moins brutal, pour ne pas dire explosif : la fusée s'est écrasée au sol dans une immense boule de feu. "Super test. Félicitations à l'équipe Starship!" pouvait-on lire, curieusement, sur le bandeau de SpaceX devant l'image du tas de cendres qu'est devenu le grand cylindre de métal après le crash de l'engin.

"Mars, nous voilà !", a même tweeté, dans la foulée, le fondateur de SpaceX. Parce qu'échouer fait partie du plan d'Elon Musk. Ce dernier a expliqué depuis son compte Twitter que la vitesse d’arrivée à l’atterrissage était trop grande. Mais il s’est félicité des étapes réussies : l’ascension, le changement de position en altitude, et la précision de la trajectoire jusqu’au point d’atterrissage. "Nous avons toutes les données dont nous avons besoin ! Félicitations à l’équipe SpaceX yeah !", a-t-il encore commenté du magnat touche-à-tout, également propriétaire de la marque automobile Tesla. Si à la Nasa, l'échec n'est pas une option. Chez SpaceX, bien au contraire, l'échec est un leitmotiv. "Si vous n'échouez pas, c'est que vous n'êtes pas assez innovant", lançait ainsi Elon Musk, lors d'une conférence en 2005. 

L'engin a atteint 12.500 m d'altitude

Le prototype de mercredi, baptisé SN8 (Starship serial number 8), a décollé correctement mardi peu avant minuit, puis s'est élevé graduellement en altitude et selon une trajectoire apparemment droite. Ensuite, après avoir atteint l'altitude de 12.500 mètres, l'un des trois moteurs s'est éteint, avant un deuxième. Après 4 minutes et 45 secondes de vol, le troisième s'est éteint à son tour comme prévu et la fusée a commencé à revenir vers le sol, prenant la position couchée attendue. Quelques secondes avant l'atterrissage, les moteurs ont été rallumés afin de la remettre droite, en position d'atterrissage, et de ralentir sa chute. Mais la vitesse était trop grande, et le contact trop brutal, et le mastodonte d'acier a été pulvérisé en touchant le sol.

Ce vol d'essai n'est pas une première. Loin de là. Des prototypes plus petits ont déjà volé par le passé, mais ne dépassant jamais 150 mètres d'altitude et pendant moins d'une minute. Depuis "Starhopper", le premier prototype construit en 2019, des versions précédentes de la fusée géante de SpaceX, à l'état de prototype également, ont fini totalement carbonisé dans le passé. Le but du test de ce prototype était d'évaluer le comportement aérodynamique, le retour sur Terre et l'atterrissage, à la verticale, ce qui est la spécialité de SpaceX avec sa fusée actuelle, la Falcon 9, leader du marché mondial de lancement de satellites privés. Hormis l'atterrissage, c'est donc un sans faute.

Avec de tels tests, on ne mesure pas le succès par le nombre d'objectifs spécifiques remplis mais plutôt par ce qu'on apprend
L'entreprise spatiale SpaceX

"Avec de tels tests, on ne mesure pas le succès par le nombre d'objectifs spécifiques remplis mais plutôt par ce qu'on apprend", avait écrit préventivement sur son site la société, en disant implicitement qu'une explosion ou un crash étaient toujours un risque mais qu'ils faisaient partie de l'aventure industrielle. SpaceX voit déjà plus loin. La construction du prototype suivant, SN9, est d'ailleurs presque achevée. Début décembre, le patron de SpaceX a annoncé une première mission habitée à destination de Mars dès 2026. Mais, comme le montre ce vol d'essai, les défis technologiques qui restent à relever sont nombreux, ce qui nous laisse à penser qu'il sera très difficile à SpaceX de tenir ce délai. 


Matthieu DELACHARLERY (avec AFP)

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