SpaceX : pourquoi le lancement de ce mercredi soir est historique

par Hamza HIZZIR
Publié le 27 mai 2020 à 15h04, mis à jour le 27 mai 2020 à 16h11

Source : Sujet TF1 Info

ESPACE - Une capsule spatiale lancée par SpaceX avec à son bord deux astronautes va décoller ce mercredi 27 mai depuis la Floride. C’est la première fois qu’une mission habitée est opérée par une société privée. Son lancement, si la météo le permet, est à suivre en direct sur LCI à partir de 22H30.

Le compte à rebours, qui atteindra sa fameuse apogée lors des cinq ultimes secondes, a déjà commencé. Ce mercredi 27 mai, à 16h33 heure locale (22h33 en France), sauf si les intempéries viennent s'en mêler, une fusée SpaceX, avec à son sommet la nouvelle capsule "Crew Dragon", décollera en direction de la Station spatiale internationale (ISS), depuis le pas de lancement numéro 39A du centre spatial Kennedy, d'où décollèrent Neil Armstrong et ses coéquipiers d'Apollo 11. Une nouvelle ère spatiale s'apprête ainsi à s'ouvrir, sous nos yeux ébahis. Passage en revue de ce qui donne à cet événement un caractère historique.

La fin des navettes spatiales

Ces 22 dernières années, seulement deux navettes, développées par la Nasa et Roscosmos, les agences spatiales d'Etat américaine et russe, se sont amarrées à l’ISS. Les navettes sont ces immenses appareils ailés très complexes à manœuvrer, ayant transporté quelques dizaines d'astronautes en trente ans, pour deux explosions en vol, et un coût astronomiques estimé à 200 milliards de dollars pour 135 vols jusqu'en 2011.

L'avènement des capsules

Pour trouver un nouveau modèle, la Nasa a sollicité, dès 2010, deux entreprises privées, le géant Boeing et la jeune Space Exploration Technologies Corp, (SpaceX pour les intimes) fondée en 2002 par le Sud-Africain Elon Musk, afin qu'elles construisent des capsules. Les capsules n'ont pas d'ailes, et n'ont donc pas besoin d'une piste pour atterrir. Plus petites et mobiles, elles se fixent au sommet de la fusée, ce qui permet de les séparer instantanément de l'assemblage pour sauver un équipage. Elles coûtent, en outre, bien moins cher : la Nasa a déboursé trois milliards de dollars (contre plusieurs dizaines de milliards par programme auparavant) pour que SpaceX lui livre sa capsule, réutilisable, pour six futurs allers-retours spatiaux.

Elon Musk le conquérant

Le lancement de ce mercredi témoigne de l'énorme avance prise par SpaceX sur Boeing, dont la capsule "Starliner" n'est toujours pas prête. Entrepreneur obsédé par Mars et déterminé à casser les règles du jeu de l'industrie aérospatiale, Elon Musk  su gagner, pas à pas, la confiance de la plus grande agence spatiale de la planète. En 2012, SpaceX est devenue la première société privée à amarrer une capsule cargo à l'ISS, qu'elle ravitaille depuis régulièrement. Deux ans plus tard, la Nasa lui commandait la suite : y acheminer ses astronautes, dès "2017", en adaptant la capsule "Dragon". Trois ans et quelques ratés (délais non tenus, explosions, problèmes de parachutes) plus tard, nous y voilà.

Ce que cela va changer

Si la capsule "Dragon" remplit sa mission et s'avère sûre, les Américains ne dépendront plus des Russes pour accéder à l'espace, comme c'est le cas depuis 2011. Les acheminements depuis la Floride redeviendront réguliers, avec quatre astronautes à bord. En clair : cela relancerait complètement ce que l'on nommait, du temps de la guerre froide, la "course à l'espace", avec un marché désormais totalement ouvert. "Nous imaginons un avenir où une dizaine de stations spatiales sont en orbite terrestre basse, toutes opérées par le secteur privé", anticipe en effet Jim Bridenstine, patron de la Nasa. 

Pour un opérateur, lancer un satellite sur Falcon 9, la fusée low cost de SpaceX, coûte deux fois moins cher en moyenne que sur Ariane 5. Résultat : depuis déjà trois ans, la société d'Elon Musk lance plus de fusées qu'Arianespace. En 2018, elle en a même lancé plus que la Russie tout entière. Et avec le premier vol habité devant être lancé ce mercredi, c'est tout un nouveau champ des possibles qui s'ouvre. Avec comme objectif assumé par Elon Musk le prochain transport de touristes dans l'espace, autour de la Lune, voire sur Mars. Pour faire de l'humanité, on le cite, une "espèce multiplanétaire".


Hamza HIZZIR

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