Des entreprises technologiques de pointe, notamment en Israël, planchent sur la fabrication de la viande du futur.Végétale ou de synthèse, imprimée en 3D ou cultivée en laboratoire à partir de cellules souches animales, chacun a sa recette tenue secrète.Si l’on en croit les industriels, environ 10% de la viande consommée dans le monde sera végétale à l’horizon 2030.
Elle en a l’apparence, le goût, la texture et même l’odeur. À ceci près que, contrairement à l’originale, elle ne nécessite pas de sacrifier un animal. Manger moins de viande, c’est une recommandation faite à la fois par les médecins et les climatologues. Les effets sur la santé de l’excès de viande carnée sont connus, tout comme ceux sur l’environnement. L'élevage industriel représente à lui seul environ 15% des émissions de CO2 dans le monde. Par souci éthique, et pour limiter cet impact, certains planchent sur des alternatives. En Israël, comme aux États-Unis, les recherches sont déjà très avancées. Pour vous ouvrir l’appétit, une équipe de TF1 a visité les entrailles de deux usines futuristes où ingénieurs et scientifiques inventent la bidoche du futur.
Première étape de ce voyage culinaire pour le moins futuriste, l’usine de Redefine Meat, à Rehovot en Israël. Yaron Eshel, le responsable produit, nous accueille dans une salle où trône une immense machine. "Bienvenue dans notre chambre d’impression de viande", lance-t-il en se dirigeant vers l’écran de contrôle de l'appareil. Sur une surface tactile, l’ingénieur fait défiler différentes pièces de bœuf. "Là, par exemple, je lance la production d’un faux-filet", décrit l'ingénieur, vêtu d’une blouse blanche. "Je peux modifier son épaisseur, son apparence, la quantité de graisses. Dans 30 minutes, j’aurais mon faux-filet prêt à être consommé", explique-t-il.
Impossible de filmer le procéder de fabrication, le secret reste bien gardé. La viande est imprimée en trois dimensions à partir d’une base de pâte de soja et d’agents de saveurs, nous explique-t-on. Le résultat n’en est pas moins bluffant avec ce bifteck plus vrai que nature. "Nous voulons une imitation parfaite de la vraie viande. La consistance, le goût, l’odeur et même le jus. On ne veut pas être comparé à une viande végétale ordinaire", explique Uri Kapuler, responsable marchés chez Redefine Meat. Même le sang est reproduit à partir de jus betterave. "Parfois, les gens ne se rendent même plus compte qu’ils ne mangent pas de la viande d’élevage, mais un produit alternatif", assure Stella Itzhakov, biologiste chez Redefine Meat.
C’est fou, j’ai l’impression de manger de la viande chez ma grand-mère
Une cliente dans un restaurant en Israël
En Israël, où le mouvement végétarien pousse au changement, plusieurs restaurants l’ont déjà mis à leur carte. À en croire deux clientes interrogées dans le sujet de TF1, l’illusion est parfaite, notamment le goût. "C’est fou, j’ai l’impression de manger de la viande chez ma grand-mère", témoigne la jeune femme, apparemment séduite par ce concept de viande sans tuer d'animal. Steaks hachés et autres boulettes de viandes 100% végétales de la marque sont déjà commercialisés en Allemagne ainsi qu’aux Pays Bas et bientôt en France. À l’heure actuelle, la viande végétale représente seulement 1% du marché mondial de la viande. Mais, si l'on en croit les industriels du secteur, 10% de la viande consommée dans le monde sera végétale d'ici à huit ans.
Mais pour beaucoup, la viande reste irremplaçable. C'est pourquoi l’entreprise israélienne Future Meat mise sur la fabrication de viande à partir de cellules souches animales. Elle nous a ouvert ses portes. À l’intérieur de ce laboratoire futuriste, qui fonctionne avec deux ingénieurs, des cellules animales baignent dans un bain de fermentation. Difficile à ce stade d'imaginer que des aiguillettes de poulet sortiront de cette cuve à la couleur jaunâtre. Là encore, nous n'en verrons pas plus sur le procédé de fabrication. Mais le fondateur de Future Meat, Yaakov Nahmias, l'assure : "C’est plus sain que du vrai poulet. Il n’y a pas de risque salmonelle et beaucoup moins de graisses saturées", avance-t-il. Il espère obtenir l’agrément des autorités sanitaires américaines dès l'année prochaine, si tout va bien.