Les brocolis, alliés insoupçonnés dans la quête de la vie extraterrestre

Publié le 9 novembre 2022 à 17h19, mis à jour le 9 novembre 2022 à 17h59

Source : Sujet TF1 Info

Des gaz émis par des légumes pourraient nous aider à détecter de la vie ailleurs que sur Terre.
C'est ce qu'avancent les travaux menés par une équipe de scientifiques américains.

Et si le brocoli était notre meilleur allié pour découvrir de la vie ailleurs que sur notre planète ? Notre galaxie abriterait des centaines de milliards d’étoiles et potentiellement autant de systèmes planétaires. L’immensité du cosmos, en plus de donner le vertige, pousse chacun de nous à s’interroger : sommes-nous seuls ? 

La question taraude les esprits les plus érudits depuis des siècles. Car si des civilisations technologiquement plus avancées que la nôtre existent, pourquoi ne se sont-elles pas manifestées jusqu’à maintenant ? Qui plus est, comment pourrions-nous leur signaler notre présence et surtout communiquer avec elles ? 

Un processus connu sous le nom de méthylation

Étonnamment, l’une des pistes à l’étude pour répondre à cette question pourrait nous venir d’un légume, le brocoli. C’est en tout cas ce qu'avancent des travaux de recherche d'une équipe de scientifiques, dont les travaux ont été dévoilés le mois dernier dans la très sérieuse revue Astrophysical Journal

À l’instar d'autres légumes de la famille des brassicacées et de certaines plantes et micro-algues, ce légume vert utilise un mécanisme bien connu des scientifiques pour se débarrasser des toxines. Pour cela, un peu comme nous, il émet des gaz, un processus connu sous le nom de méthylation. 

Selon Michaela Leung, chercheuse en science planétaire à l’Université de Californie (UCR), ce gaz pourrait servir à signaler notre présence à d’hypothétiques civilisations extraterrestres. En l’observant à l’aide de télescopes, ce message, qui a l’avantage d’être facile à décoder, leur indiquerait que la vie existe bel et bien sur une planète quelque part. "La méthylation est si répandue sur Terre que nous nous attendons à ce que la vie ailleurs la pratique. La plupart des cellules ont des mécanismes pour expulser les substances nocives", explique la chercheuse, citée dans un communiqué.

Au cours de ses recherches, l'équipe de scientifiques a identifié parmi les gaz méthylés le candidat idéal : le bromure de méthyle. Selon eux, ce gaz a plusieurs avantages comparativement à ceux qui sont utilisés traditionnellement pour rechercher des traces de vie en dehors de notre Système solaire. "Nous pensons que le bromure de méthyle est l'un des nombreux gaz couramment fabriqués par les organismes sur Terre capables de fournir des preuves irréfutables de vie à distance", déclare Eddie Schwieterman, astrobiologiste à l'Université de Californie et co-auteur de l'étude.

Une biosignature de la vie (et uniquement de la vie)

Tout d'abord, la durée de vie du bromure de méthyle dans l'atmosphère s'avère moins élevée que celle des gaz traditionnels utilisés habituellement comme bio-signatures. Par conséquent, explique Michaela Leung, "si vous le trouvez, il y a de fortes chances qu'il ait été produit, il n'y a pas si longtemps, et que ce qui l'a produit le produise encore". Autre atout, poursuit-elle, le bromure de méthyle est plus susceptible d'avoir été produit par un être vivant qu'un gaz comme le méthane, qui peut être produit par des microbes. Il pourrait toutefois être aussi le produit d'un volcan ou d'un autre processus géologique, admet la chercheuse.  

"Il y a peu de moyens de créer ce gaz par des moyens non biologiques, c'est pourquoi il s'agit d'un meilleur indicateur de vie si vous le détectez", souligne la chercheuse en science planétaire. De plus, le bromure de méthyle absorbe la lumière à proximité d'une bio-signature s'en rapprochant (le chlorure de méthyle), ce qui facilite leur détection et celle de la présence de vie. Leurs travaux ont aussi montré que le bromure de méthyle serait plus aisément détectable autour d'une naine rouge qu'il ne l'est dans le Système solaire. 

Étant plus petites et surtout plus froides, ces étoiles produisent moins de rayons ultraviolets (qui ont pour effet de détruire le bromure de méthyle). L'une des plus connues est Trappist-1, autour de laquelle gravitent trois planètes "potentiellement habitables". "Une étoile hôte naine rouge augmente significativement la concentration et la détectabilité du bromure de méthyle", explique Michaela Leung. Et c'est d'ailleurs un avantage pour les astronomes, sachant que les naines rouges sont plus de dix fois plus fréquentes que les étoiles comme notre Soleil.

Le télescope spatial James Webb n'est pas en mesure de détecter cette bio-signature. L'équipe de scientifiques espèrent qu'avec cette étude, les astrobiologistes intègreront la capacité de détecter le bromure de méthyle dans la prochaine génération de télescopes qui verra le jour dans les décennies prochaines. 


Matthieu DELACHARLERY

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