INTERVIEW - "La Nasa a vu les choses à l'américaine !" : Pesquet repart dans l'espace avec Crew Dragon le 30 mars 2021

Matthieu DELACHARLERY et Christine CHAPEL
Publié le 28 juillet 2020 à 15h00, mis à jour le 28 juillet 2020 à 19h12

Source : Sujet TF1 Info

INTERVIEW - Quatre ans après son premier séjour dans l'ISS, Thomas Pesquet va repartir dans la Station spatiale internationale : l’astronaute français décollera au printemps prochain depuis Cap Canaveral à bord d’une capsule Crew Dragon de SpaceX, le nouvel "autobus spatial" de la Nasa. Il s'est confié à TF1.

Il a le sourire, et pour cause : Thomas Pesquet va repartir pour de nouvelles aventures, en apesanteur. Et plus tôt que prévu. C’est en effet désormais officiel : le Français quittera la Terre le 30 mars 2021 à bord de Crew Dragon, direction la Station spatiale internationale, ont annoncé la Nasa et l'Agence spatiale européenne (Esa) ce mardi. 

Ce sera depuis Cap Canaveral, en Floride. Il s'agira d'ailleurs d'un petit événement : aucun Européen n’a en effet  décollé depuis le sol américain depuis près de dix ans. Nom de code de la mission : "Alpha", en référence à Alpha du Centaure, le système stellaire le plus proche de la Terre. Ce nom perpétue la tradition française qui consiste à baptiser les missions spatiales du nom d’une étoile ou d’une constellation. C'est aussi un clin d’œil aussi à la première mission du Français, "Proxima". 

La Nasa a vu les choses en grand, à l’américaine ! On se retrouve projeté dans le futur.
Thomas Pesquet

Thomas Pesquet rejoindra donc l'ISS, une destination qu’il connaît bien puisqu'il y a séjourné près de 200 jours entre novembre 2016 et juin 2017. L’astronaute, qui aura alors 43 ans, fera le voyage à bord du nouvel "autobus spatial" de la Nasa, la capsule Crew Dragon construite par la société privée SpaceX d'Elon Musk, dont le vol inaugural a eu lieu en mai dernier. "J’ai eu la chance de voler à bord du Soyouz depuis Baïkonour, au Kazakhstan. Et aujourd’hui, c'est une expérience complètement différente,  avec une capsule ultra moderne. C’est une nouvelle aventure et c’est super enthousiasmant", confie l'astronaute à TF1.

Le Français a déjà commencé son entraînement. "J’ai passé quelques dizaines d’heures sur le simulateur. La Nasa a vu les choses en grand, à l’américaine ! On se retrouve projeté dans le futur. Il n’y a pas les interfaces habituelles, les joysticks ou les manches, comme sur le Soyouz. En revanche, il y a des écrans plats partout, tout est tactile. Et aussi de la place pour les pieds", s'amuse-t-il.

Thomas Pesquet à TF1
Thomas Pesquet à TF1 - -

La préparation a forcément été un peu perturbée en raison de la crise sanitaire. "Nous sommes confrontés aux mêmes problématiques auxquelles les gens doivent faire face. Nous portons des masques. Nous faisons en sorte de respecter une distance de sécurité. De ce fait, nous limitons aussi le nombre de personnes qui participent à l’entraînement. C’est du 'one to one' : un instructeur par astronaute. Nous essayons de dématérialiser le plus possible. Mais évidemment, dans ce métier, il y a une partie que nous ne pouvons pas faire depuis chez nous sur un ordinateur", souligne-t-il.

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De nouveaux records en vue

La mission "Alpha" marquera le deuxième vol opérationnel du vaisseau de SpaceX. Ce qui rend cette mission encore un peu spéciale. "Soyouz est un engin d’une fiabilité incroyable. Il a réussi plus de 200 lancements à la suite. Avec la capsule Crew Dragon, on repart de zéro ou presque", nous explique Thomas Pesquet. 

Au total, ce nouveau séjour à bord de la Station spatiale va durer six mois. Peut-être plus… Quoi qu’il arrive, le Normand s’apprête à décrocher de nouveaux records : celui du temps passé dans l’ISS par un astronaute français et sans doute aussi celui en sortie extra-véhiculaire. Lors de sa première mission, il avait déjà battu le record du nombre d’heures consacrées à la science en une semaine.

Une fois là-haut, le Français aura un emploi du temps bien rempli. "Je prendrai part aux expériences en cours. Et, comme lors de ma première mission, il y aura un programme spécifique, notamment une expérience sur les cellules souches de cerveaux humains. Des mini-cerveaux, en quelque sorte, seront placés dans des boîtes de Pétri (ndlr : boîte cylindrique transparente utilisée en micro-biologie). Nous savons que l’impesanteur modifie leur comportement. Nous allons pouvoir observer ce qu'il se passe. Il y en aura évidemment beaucoup d’autres", promet-il.


Matthieu DELACHARLERY et Christine CHAPEL

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