VIOLENCE - Plusieurs vidéos partagées sur Twitter montrent un policier porter plusieurs coups à des participants durant le rassemblement toulonnais, samedi, 5 janvier, à l'occasion d'une huitième journée de mobilisation nationale. Le préfet du Var a décidé de saisir l'IGPN alors que le procureur de la République à Toulon, lui, n'a pas ouvert de procédure contre le fonctionnaire.
Un policier frappant au visage un homme adossé à un mur, puis un second. Ce sont les images partagées sur la Toile depuis samedi, huitième journée de mobilisation nationale des Gilets jaunes. Plusieurs vidéos relayées sur Twitter montrent ainsi un officier de police, sans casque contrairement aux autres agents qui l'entourent, porter plusieurs coups à deux manifestants lors du rassemblement toulonnais, dont le gros du cortège s'est dispersé vers 16 heures. Devant une polémique qui enfle, le préfet du Var a saisi ce dimanche l'IGPN (inspection générale de la police nationale).
"Dans le cadre de mes responsabilités administratives, j'ai saisi l'IGPN afin qu'une enquête permette de faire toute la lumière sur les suspicions de violences policières à #Toulon.", a tweeté dimanche soir Jean-Luc Videlaine, préfet du Var. Selon un chiffre remontant au 28 décembre, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, l'IGPN a été saisie de 48 enquêtes judiciaires partout en France.
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🔴 Un policier filmé en train de frapper à mains nus des manifestants à Toulon lors de là manifestations des #GiletsJaunes dont l’un très violemment contre un mur pic.twitter.com/bnG5JtsWpq — Stéphane Larue (@larueofficiel) 5 janvier 2019
"Je lui donne deux autres coups, car je ne sais pas s'il a lâché le tesson"
La scène s'est déroulée sur l'avenue Vauban à Toulon, où des débordements ont éclaté en marge de la manifestation. Mais le contexte dans lequel elle s'est déroulée semble nuancer fortement les images. Au total, sept personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue. Isolé par les forces de l'ordre, le premier homme qui reçoit des coups ne portait pas de gilet jaune. "Nous avons pu établir qu'il faisait partie d'un groupe d'une cinquantaine de casseurs qui avaient dégradé des voitures dans les minutes avant la vidéo", a expliqué Bernard Marchal, procureur de la République à Toulon. Ce dernier n'a pas ouvert de procédure contre le fonctionnaire.
L'homme était en possession d'un tesson de bouteille, et le policier auteur des coups "a voulu le neutraliser". Identifié depuis, ce dernier a accordé une interview à Nice Matin, dans laquelle il explique avoir d'abord frappé la main de l'homme "pour lui faire lâcher le tesson". Puis, "je lui donne deux autres coups, car je ne sais pas s'il a lâché le tesson". Le policier assure de plus connaître le fauteur de troubles, "qui est un multirécidiviste et qui n'a rien à voir avec les Gilets jaunes." L'homme est en effet connu de la justice depuis une dizaine d'années selon le procureur, notamment pour des faits d'outrage et de viol. Il a été arrêté, placé en garde à vue, et comparaîtra lundi à Toulon.
Ancien commandant du GIPN
Dans un second extrait de la vidéo, on voit cette fois l'officier de police frapper contre le capot d'une voiture un Gilet jaune. Celui-ci était, selon le procureur, masqué quelques minutes avant et venait de tenter de s'emparer d'une bouteille. Il a lui aussi été arrêté et placé en garde à vue.
En poste à Toulon, le policier filmé, commandant divisionnaire, est actuellement responsable par intérim des policiers en tenue dans la ville. Ancien commandant du Groupe d'intervention de la Police nationale de Marseille, il a été, par ailleurs, décoré de la Légion d'honneur dans les rangs de la promotion du 1er janvier 2019. Le haut gradé a participé à toutes les opérations de sécurisation des manifestations de Gilets jaunes à Toulon et est bien connu des manifestants, selon le procureur, qui ajoute que "certains s'en sont pris violemment à lui samedi". La séquence captée au smartphone s'achève d'ailleurs lorsque l'agent est rejoint par d'autres fonctionnaires.