10.000 demandes d'asile sont-elles déposées chaque année par des Afghans en France ?

Publié le 18 août 2021 à 18h44, mis à jour le 28 août 2021 à 22h10

Source : JT 20h WE

RÉFUGIÉS - Le Rassemblement national s'oppose à l'arrivée de réfugiés afghans sur le sol français et assure que ceux-ci déposent déjà 10.000 demandes d'asiles chaque année, en grande majorité acceptées. Une affirmation corroborée par des données officielles.

Alors que des maires de gauche tendent la main aux réfugiés qui fuiraient l'Afghanistan, la crainte d'une vague migratoire massive s'est emparée d'une partie de la classe politique. Outre Christian Estrosi du côté des Républicains, on note que le Rassemblement national s'est aussi positionné. Invité de LCI ce mercredi matin, un porte-parole du parti dirigé par Marine le Pen a manifesté son opposition à un accueil de réfugiés afghans. 

Laurent Jacobelli en effet a soutenu qu'une "invasion migratoire afghane" avait "déjà commencé" dans notre pays, présentant des chiffres à l'appui. "Il y a 10.000 réfugiés afghans par an qui demandent l'asile politique en France" a-t-il lancé, et "les 4/5e l'obtiennent". Des chiffres proches de la réalité.

La première nation représentée dans les demandes d'asile

Pour vérifier ces affirmations, il faut se pencher sur les publications de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), et plus précisément sur son rapport annuel, dont l'édition 2020 a été publiée il y a quelques semaines. 144 pages qui nous apprennent notamment qu'en 2020, année marquée par le Covid-19,  96.424 demandes d’asile ont été formulées auprès de l’Ofpra, en baisse de 27,4%.

Quid des Afghans parmi ces dossiers ? Il s'agit de la nationalité la plus représentée, avec 10.364 demandes formulées. Suivent les ressortissants de la Guinée, du Bangladesh, de Côte d'Ivoire, du Nigeria ou encore de Turquie, mais dans des proportions moindres (de 3.500 à 6.200 demandes en 2020). Laurent Jacobelli avance ainsi un chiffre juste et souligne à raison que les dossiers des Afghans sont en majorité retenus. 64,6 % aboutissent à une réponse positive, un chiffre toutefois moins élevé que les 4/5 évoqué par le porte-parole du RN. 

Soulignons qu'une demande acceptée n'aboutit pas systématiquement à la délivrance du statut de réfugié. L'essentiel des Afghans demandeurs d'asile (86%) obtiennent en effet ce que l'on nomme une "protection subsidiaire". L'Ofpra explique qu'elle est fournie "à toute personne dont la situation ne répond pas à la définition du statut de réfugié, mais pour laquelle il existe des motifs sérieux et avérés de croire qu'elle courrait dans son pays un risque réel de subir [...] des atteintes graves", telles que "la peine de mort ou une exécution", mais aussi "la torture ou des peines ou traitements inhumains ou dégradants". La "violence aveugle" pouvant être subie dans le cadre d'un conflit est aussi mentionnée parmi les motifs de délivrance.

"Le manque général de sécurité sur le territoire afghan reste à ce jour le principal motif de protection des demandeurs d’asile afghans", analyse l'Ofpra. "Le détail des motifs présentés à l’Office varie peu. Les menaces reçues pour s’être associé avec les autorités afghanes ou les forces étrangères et les accusations de coopération avec des groupes insurgés demeurent les principaux éléments invoqués. Les districts ruraux sont également propices à de nombreux conflits privés, notamment fonciers, qui peinent à être résolus sans violence dans le contexte du conflit afghan."

Notons enfin que pour 2021, les chiffres devraient augmenter de manière significative. L'Élysée a en effet indiqué ces derniers jours que depuis le début de l'année, 5.700 demandes d'asile ont été déposées par des Afghans en France. Traitées en majorité par l'Ofrpa, elles ont été acceptées à 89%.

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Thomas DESZPOT

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