100 imams envoyés depuis l'Algérie pour le Ramadan : de quoi parle Manuel Valls ?

Anaïs Condomines
Publié le 29 mars 2018 à 15h37, mis à jour le 29 mars 2018 à 16h04
100 imams envoyés depuis l'Algérie pour le Ramadan : de quoi parle Manuel Valls ?
Source : JOEL SAGET / AFP

RAMADAN - L'ex-Premier ministre Manuel Valls a expliqué vouloir "mettre un terme" aux accords permettant de faire venir en France, à l'occasion du Ramadan, des imams algériens et marocains. Mais au fait, ils disent quoi exactement, ces accords ?

Le Ramadan est encore loin cette année mais il occupe déjà les débats. Ce jeudi 29 mars sur France Info, Valérie Pécresse était invitée à réagir aux propos de l'ex-Premier ministre Manuel  Valls, au sujet de la venue d'imams algériens en France à l'occasion de la fête musulmane : "Ces accords existent avec l’Algérie comme avec le Maroc. Je pense qu’il faut, le plus vite possible, y mettre un terme, parce ce que ça ne correspond pas à l’idée qu’on doit se faire d’un islam des Lumières en France, d’un islam de France. L’islam est une religion française désormais et il faut pour cela qu’elle soit totalement compatible avec ce que nous sommes" a-t-il ainsi déclaré. 

Un accord signé le 15 mars

Quels sont ces accords dont parle Manuel Valls ? D'abord, nous avons vérifié : ils existent bel et bien. Cette année, l'annonce officielle de la venue de 100 imams algériens, à l'occasion du Ramadan, a été formulée le 15 mars dernier lors d'une rencontre, à Alger, entre Gérard Collomb et le ministre algérien des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa. 

Une dépêche de l'agence officielle de presse algérienne reprend en effet cette citation du ministre annonçant : "Nous avons choisi 150 imams, parmi les meilleurs qui ont exprimé le vœu d’aller à l’étranger pour diriger les prières durant le mois sacré de Ramadhan."  Parmi ces 150 imams, la France en recevra 100 "vu la forte concentration de la communauté algérienne qui y est établie et les 50 autres seront répartis à travers plusieurs pays, comme l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, la Belgique et le Canada" peut-on encore y lire. Voilà pour les faits, mais de quoi s'agit-il exactement ? 

De quoi s'agit-il ?

Pour le savoir, nous avons posé la question à Djelloul Seddiki, directeur de l'institut Al-Ghazâli de la grande mosquée de Paris, chargé d'accueillir les imams étrangers. Ces imams "viennent pour 29 jours" nous explique-t-il. "Nous les accueillons, leur réservons une nuit d'hôtel et nous occupons des affectations en amont. Ils n'ont pas de formation en arrivant car ils vont simplement réciter les 60 chapitres du Coran en arabe, ils n'ont pas besoin de savoir parler français."

Le directeur fait ainsi une distinction avec d'autres imams, venant eux aussi d'Algérie - mais pour quatre ans cette-fois - dans le cadre d'un accord passé à l'époque avec Bernard Cazeneuve. "Ceux-là, nous les accueillons à l'institut pendant 3 semaines car ils doivent savoir parler français et prendre des cours sur les institutions françaises, la laïcité... Ils passent également un diplôme universitaire par la suite dans le cadre d'un accord avec l'université Paris 1 La Sorbonne" explique Djelloul Seddiki. 

Et cet accord, passé entre la France et l'Algérie à l'occasion du Ramadan, est loin d'être nouveau, ou même isolé. Déjà en 2011, par exemple, le Conseil français du culte musulman (CFCM) annonçait la venue de 180 imams marocains : "C'est devenu une tradition. Chaque année, le Maroc nous envoie en renfort des imams pour assurer la lecture du Coran et les prêches durant le mois sacré du Ramadan où les fidèles sont plus nombreux à se rendre sur les lieux du culte musulman" expliquait alors Mohamed Moussaoui, le président.

Quel est le but de cet accord ?

Toujours dans l'agence de presse algérienne, on peut lire que ces imams ont été "sélectionnés pour la maîtrise des règles de la psalmodie et les aptitudes à diffuser un discours religieux 'modéré et éclairé', à être les "ambassadeurs de la paix" et à faire valoir la véritable image de l'Islam dans le monde."

Djelloul Seddiki explique par ailleurs qu'ils ont été choisis aussi sur le critère de leur savoir-faire : "Ils ont été choisi pour leur belle voix", nous dit-il, "pour faire plaisir aux fidèles".


Anaïs Condomines

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