11-Novembre : que sont les Compagnons de la Libération, l'ordre auquel appartenait Hubert Germain ?

Publié le 10 novembre 2021 à 17h14, mis à jour le 10 novembre 2021 à 17h50

Source : Sujet TF1 Info

HISTOIRE - Hubert Germain est inhumé ce 11 novembre au Mémorial de la France combattante sur le Mont-Valérien. L'occasion de mettre en lumière l'ordre des Compagnons de la Libération, dont il était, jusqu'il y a peu, le dernier membre vivant.

C'est une page qui se tourne. Avec le décès le 12 octobre dernier d'Hubert Germain, la France a perdu son dernier compagnon de la Libération. Cet ordre, créé par Charles De Gaulle par une ordonnance du 16 novembre 1940 "récompense les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de libération de la France et son empire" lors de la Seconde Guerre mondiale. 

Le père des Forces françaises libres (FFL) voyait dans ses membres une "chevalerie exceptionnelle, créée au moment le plus grave de l’histoire de la France, fidèle à elle-même, solidaire dans le sacrifice et dans la lutte". Il voulait aussi saluer un savant mélange d'amour de la France, de fort sentiment de revanche et d’ouverture d’esprit ou d'audace. Au final, aucun critère particulier (sexe, âge, origine, grade) n'est établi, seuls comptent la valeur de la personne et surtout les services (exceptionnels) rendus à la nation. 

Le deuxième ordre national en France

Les Compagnons de la Libération sont le deuxième ordre national français après la Légion d'honneur. Charles de Gaulle en a été le seul et unique grand maître. De fait, l’histoire de l’ordre de la Libération reste indissociable de sa personne : trois jours seulement s’écouleront entre sa démission du Gouvernement provisoire de la République française, le 20 janvier 1946, et la clôture définitive de la liste des Compagnons. Fidèle à l'étymologie du terme "compagnon" - du latin  "companio(ne)", celui qui partage le pain avec - ce cercle est aussi fermé qu'égalitaire. Il n'y a pas de hiérarchie : un simple soldat et un général d’armée sont compagnons au même titre. 

Un cercle très fermé

Au total, 1038 personnes - dont seulement six femmes - se sont vues attribuer le titre de Compagnon de la Libération. Parmi elles se trouvent "des étudiants, des militaires, des ingénieurs, des paysans, des industriels, des hommes de lettres, des diplomates, des ouvriers, des membres du clergé, des tirailleurs africains, des magistrats ou encore des médecins", précise l'ordre sur son site. 

Beaucoup d'entre elles sont des résistants de la première heure, les "commençants" comme les appelle Vladimir Trouplin, conservateur du Musée de l’Ordre de la Libération. "Beaucoup de compagnons disent n'avoir pas entendu l'appel du 18 juin 1940 lancé par De Gaulle : la plupart ont le déclic lors du discours de Pétain du 17 juin", ajoute le général Christian Baptiste, délégué national de l'Ordre de la Libération, dans les colonnes de Géo.

De Leclerc à Churchill, en passant par Malraux et Messmer

Plusieurs personnalités connues ont été médaillées, parmi lesquelles Jean Moulin, Romain Gary, André Malraux ou encore les trois maréchaux Leclerc, de Lattre de Tassigny et Koenig. On retrouve également dans les rangs des Compagnons de la Libération cinq anciens Présidents du Conseil ou Premiers ministres (René Pleven, Maurice Bourgès-Maunoury, Georges Bidault, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer) et 36 ministres. 

Par ailleurs, plusieurs étrangers ont été faits Compagnon de la Libération, et notamment l'Américain Dwight Eisenhower ainsi que les Britanniques Winston Churchill et le roi George IV. 

Près d'un quart des décorations ont été remises à titre posthume, nombreux étant ceux qui ont perdu la vie au début du conflit. Plusieurs dizaines de membres de l'ordre, fraîchement décorés, ont également succombé avant la fin des combats. 

Cinq communes décorées

En outre, 18 unités miliaires des Forces françaises libres, mais aussi 5 communes tricolores (Nantes, Grenoble, Paris, le village martyr de Vassieux-en-Vercors et l'Île de Sein) constituent cet ordre. L’île bretonne, située au large de la Pointe du raz, a été décorée pour rendre hommage aux 128 Sénans - entre 14 et 54 ans - qui ont traversé la Manche pour se battre au tout début du conflit. L’île toute entière est restée un symbole de la lutte contre l’occupant.


Maxence GEVIN

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